(Québec) Quelques ajustements apportés aux responsabilités régionales de trois ministres font dire à l’opposition que le gouvernement Legault commence déjà à préparer la prochaine campagne électorale.

En se rendant au bureau du lieutenant-gouverneur en milieu d’après-midi jeudi, le premier ministre François Legault a joué à la chaise musicale, en ce qui a trait à la responsabilité politique de quelques régions.

Ainsi, le ministre de la Justice et député de Borduas, Simon Jolin-Barrette, sera responsable dorénavant de la Montérégie, en remplacement de Christian Dubé.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, député de Deux-Montagnes, aura la responsabilité de Laval, région auparavant confiée au ministre des Finances, Eric Girard.

Et la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, députée de Berthier, sera responsable de la région de Lanaudière, à la place du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Il n’en fallait pas plus pour que les partis de l’opposition en concluent que le gouvernement déplace ses pions en prévision des prochaines élections, dans deux ans.

« Ça ne veut dire qu’une chose : on prépare la campagne électorale », a laissé tomber le député libéral Gaétan Barrette.

Le député solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, estime lui aussi que les changements annoncés ont une visée « électoraliste ».

Il s’est dit « triste » de voir le gouvernement commencer déjà à se positionner, « alors qu’on est en pleine pandémie, que notre priorité devrait être plutôt de gérer la question, de gérer une rentrée ordonnée, [de faire en sorte] que tout le monde mette l’effort en ce sens-là ».

Selon lui, en faisant ces changements, M. Legault cherche à « donner l’illusion que le gouvernement se préoccupe des régions ».

Le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, a reproché surtout au premier ministre de ne pas avoir profité de l’occasion pour délester la ministre Marie-Ève Proulx, députée de Côte-du-Sud (Montmagny), qui est responsable d’un très vaste territoire : Chaudière-Appalaches, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Îles-de-la-Madeleine.

« L’occasion était idéale » pour corriger le tir, selon M. Arseneau, perplexe devant la décision du premier ministre.

« On ne comprend pas pourquoi le premier ministre s’obstine à mettre ensemble des régions qui sont d’une si grande étendue, avec des besoins si différents, sous la responsabilité d’une seule ministre », a-t-il commenté en point de presse.

Sauf exception, la vaste région du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine est un fief péquiste.

Un des ministres visés, Simon Jolin-Barrette, a réagi en disant qu’il ne partageait pas la lecture de l’opposition sur les visées électorales de l’annonce.

« C’est un peu malheureux, cette perception-là », a-t-il commenté, lors d’une brève mêlée de presse, en disant que les membres du gouvernement voulaient travailler pour les citoyens de l’ensemble des régions.

Déjà un des hommes-orchestres du gouvernement, M. Jolin-Barrette s’est vu attribuer des fonctions supplémentaires jeudi, devenant responsable de l’Accès à l’information et de la Protection des renseignements personnels. Il ne manque pas de mandats, étant aussi ministre de la Justice, leader du gouvernement, responsable de la Charte de la langue française, responsable de la Laïcité et de la Réforme parlementaire, sans compter son rôle de député de Borduas et ses nouvelles fonctions de responsable de la Montérégie.

Dans un communiqué, M. Legault a expliqué son geste en disant qu’il voulait libérer ses ministres qui étaient au front de la lutte contre la pandémie : Christian Dubé (Santé), Pierre Fitzgibbon (Économie) et Eric Girard (Finances).