(Ottawa) Ottawa avait accepté de ne pas consacrer plus de 543,5 millions à la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, même si le budget du programme prévoyait de dépenser jusqu’à 912 millions.

Selon une copie du contrat conclu avec UNIS pour la gestion des bourses, déposée auprès du Comité des finances de la Chambre des communes, la majeure partie de l’argent — 500 millions — était prévue pour les bourses aux étudiants qui participeraient à des activités de bénévolat. Les 43,53 millions restants devaient aller à l’organisme UNIS (« WE Charity », en anglais) pour administrer ce programme, que les libéraux chiffraient pourtant fièrement à 912 millions au total.

Le contrat sans appel d’offres a été signé à la fin de juin avec UNIS, enregistré comme organisme sans but lucratif auprès de l’Agence du revenu du Canada en janvier 2019. En vertu de ce contrat, UNIS devait offrir lui-même aux jeunes jusqu’à 40 000 placements en travail bénévole, et demander à des groupes externes de fournir jusqu’à 60 000 placements supplémentaires.

Le gouvernement a toujours parlé d’un budget pouvant atteindre 912 millions — et il l’a inscrit comme tel dans tous ses documents de dépenses publiques. Ian Shugart, greffier du Conseil privé, a indiqué au Comité des finances des Communes, la semaine dernière, que les 500 millions devaient être la première tranche de ce programme.

La Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant vise à offrir des bourses de 1000 $ par tranche de 100 heures de bénévolat, jusqu’à concurrence de 5000 $, pour aider les étudiants qui ne se seront pas trouvé un travail d’été à cause de la pandémie. Le programme, maintenant géré par la fonction publique, n’a pas encore été lancé. Le ministère des Finances indique que les étudiants peuvent postuler jusqu’au 21 août et doivent terminer leurs heures de bénévolat avant le 31 octobre pour recevoir un paiement forfaitaire.

Trudeau comparaîtra jeudi

Une copie de l’accord avec UNIS a été déposée auprès du Comité des finances de la Chambre des communes, qui s’est réuni lundi après-midi pour connaître les détails du témoignage prévu du premier ministre Justin Trudeau.

Justin Trudeau et sa chef de cabinet Katie Telford ont accepté de comparaître devant le comité dans le cadre d’une enquête parlementaire sur l’accord avorté du gouvernement libéral avec l’organisation UNIS.

Ils devraient le faire jeudi après-midi.

UNIS s’est retiré du contrat au début de juillet, mais la controverse ne s’est pas éteinte pour autant : le commissaire fédéral à l’éthique enquête lui aussi pour déterminer si M. Trudeau et le ministre des Finances, Bill Morneau, ont violé les règles sur les conflits d’intérêts en négligeant de se récuser lors des discussions, au Cabinet, sur l’octroi du contrat de gré à gré. M. Trudeau parce qu’UNIS a versé au cours des années quelque 300 000 $ à sa mère, son frère et son épouse pour prendre la parole lors d’évènements publics. Et M. Morneau pour les liens qu’entretiennent ses filles avec l’organisme — l’une d’elles travaille même au sein d’UNIS.

Lors de son témoignage devant le même Comité des finances, la semaine dernière, M. Morneau a annoncé qu’il venait tout juste de signer un chèque de 41 366 $ destiné à UNIS. Il voulait ainsi rembourser les frais que l’organisme avait assumés pour des voyages que le ministre et des membres de sa famille avaient faits il y a trois ans pour témoigner du travail de l’organisme dans le monde. Peu de temps après, M. Trudeau a accepté de témoigner devant le comité des Communes — fait rare pour un premier ministre.

UNIS a également accepté de rembourser tout l’argent qui lui avait déjà été versé. Cette première somme devait être de 19,5 millions à la signature du contrat daté du 23 juin et devait s’étendre jusqu’à fin mars 2021.

L’organisation a déclaré lundi que le paiement avait été effectué le 30 juin, après avoir commencé à travailler sur le programme le 5 mai.

UNIS a déclaré qu’elle travaillait toujours sur les détails du remboursement avec le gouvernement.

Le groupe a également déclaré qu’il utilisait « WE Charity Foundation » — une entité qui « n’a jamais exploité ni détenu auparavant aucun fonds ou actif » — pour exécuter le programme afin de « limiter la responsabilité » et protéger les actifs d’UNIS.

Le contrat prévoyait aussi un paiement supplémentaire le 2 juillet, juste avant qu’UNIS déclare publiquement qu’il remettait les rênes du programme au gouvernement.

Le programme a été pratiquement gelé depuis, le ministère responsable disant qu’il travaille sur un plan de transition.

Les co-fondateurs d’UNIS Craig et Marc Kielburger et l’ancienne présidente du conseil d’administration Michelle Douglas, doivent témoigner devant le comité mardi après-midi.

Le directeur financier de l’organisation, Victor Li, l’un des signataires de l’accord de contribution, devrait maintenant témoigner la semaine prochaine.

Les frères Kielburger, qui ont fondé l’organisation il y a deux décennies, ont déclaré dans un communiqué qu’ils voulaient témoigner devant le comité pour remettre les pendules à l’heure au sujet du programme de subvention canadienne pour services aux étudiants.

Le comité des finances a décidé lundi de faire témoigner les frères Kielburger pendant quatre heures, soit en même temps mardi, ou alors répartis uniformément sur deux jours.

Une grande partie de la réunion du comité a été consacrée à discuter et négocier de la portée de l’enquête parlementaire, y compris le nombre de témoins à faire témoigner.