(Ottawa) La commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, a fait acte de contrition devant les membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale qui la questionnaient sur la présence de racisme systémique au sein des organisations policières au pays.

Mme Lucki est sur la sellette depuis qu’elle a déclaré qu’elle avait du mal « avec la définition de racisme systémique », mais s’est depuis ravisée et a reconnu qu’il y a en a au sein même de son organisation.

Les forces policières canadiennes ont été critiquées pour leur traitement des peuples autochtones. Chantel Moore et Rodney Levi sont morts aux mains de la police au Nouveau-Brunswick. Le chef autochtone Allan Adam a pour sa part été battu par des policiers de la GRC.

« Nous ne sommes pas une organisation parfaite, mais nous allons continuer à apprendre, à grandir et à évoluer », a déclaré la commissaire Lucki, lors de sa déclaration d’ouverture devant le comité, mardi en fin de journée.

Elle s’est aussi engagée à « éliminer toutes formes de racisme et de discrimination » au sein de son organisation, notamment en redoublant d’efforts pour recruter des policiers de communautés culturelles.

À l’heure actuelle, la GRC ne compte que 11,5 % de ses membres qui s’identifient comme faisant partie d’une minorité visible et 7,5 % qui s’identifient comme autochtones, selon les données fournies par Mme Lucki.

S’exprimant avant elle, le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a salué le changement de cap de Mme Lucki sur l’existence du racisme systémique au sein de la GRC.

Pour sa part, il n’a laissé aucune place à l’interprétation. « Le racisme systémique est une réalité au Canada et […] je n’ai pas l’intention et je ne vais pas défendre l’indéfendable », a-t-il dit lors de sa comparution.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Bill Blair a été interrogé mardi sur l’existence du racisme systémique au sein des organisations policières du Canada.

« Nous ne pouvons pas nous fermer les yeux sur des réalités inconfortables. Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il poursuivi, ajoutant que les forces policières devraient être un reflet plus juste des communautés qu’elles servent.

Pour ce faire, M. Blair promet de reconnaître les forces policières autochtones comme des « services essentiels ».

Il dit que le gouvernement fédéral travaillera avec les communautés autochtones pour en arriver à un cadre législatif qui assurera aux Premières Nations d’avoir les services policiers dont elles ont besoin.

Mme Lucki dit avoir discuté avec des membres de la GRC et leurs familles, qui ont le moral bas en raison du « discours anti-police qui dépeint tout le monde de façon injuste avec le même pinceau ».

« Mais de reconnaître que le racisme systémique est présent dans les forces n’équivaut pas à dire que nos employés sont racistes », a-t-elle fait valoir.

Si ces histoires de racisme au sein de la GRC font « mal à entendre », la commissaire pense qu’il est « important de maintenir un dialogue constructif si nous voulons renforcer la confiance des Canadiens ».