(Ottawa) Se disant « stupéfait » de la sortie du chef du NPD Jagmeet Singh qui a traité le député bloquiste Alain Therrien de « raciste » mercredi à la Chambre des communes, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet réclame des excuses « sincères » pour cette accusation qui ternit selon lui toute sa formation politique.

En conférence de presse jeudi, M.  Blanchet a consacré l’essentiel de ses propos à cet incident survenu aux Communes après que M. Therrien eut refusé de donner son consentement au dépôt d’une motion du chef du NPD qui visait à condamner le racisme systémique au sein de la GRC.

M. Blanchet s’en remet au président de la Chambre des communes Anthony Rota pour contraindre le chef du NPD à présenter ses excuses dans les plus brefs délais.

« J’ai le sincère désir que nous travaillions tous ensemble pour lutter contre toutes les formes d’injustice et de discrimination. C’est éminemment déplorable. Je connais assez Alain Therrien pour dire : ben voyons donc ! Il n’est pas raciste pour une demi-cenne. Il aime le monde. Il aime tout le monde », a lancé M. Blanchet.

Le chef bloquiste a répété la raison pour laquelle le Bloc québécois a refusé de donner son consentement au dépôt de cette motion. Le comité de la sécurité publique est déjà saisi de ce dossier et la Chambre des communes aurait dicté les conclusions de ses travaux en adoptant une telle motion, selon lui.

« C’est déplorable pour tous les élus et tous les gens qui travaillent au Bloc québécois. On se fait tous traiter de raciste en même temps. Je vais vous confier une chose. Les Québécois sont une nation accueillante, généreuse, ouverte qui aime et apprécie la différence et la diversité, qui souhaitent que tout le monde aide et apprécie sa différence et sa diversité. Mais on est écœurés de se faire traiter de racistes n’importe quand et pour n’importe quoi », a-t-il ajouté.

M. Blanchet a indiqué que le député bloquiste était non seulement ébranlé par l’accusation du chef du NPD, mais aussi par la proportion que toute cette affaire a prise, notamment sur les médias sociaux. M. Blanchet a précisé que près de 95 % des messages qu’il reçoit sur son compte Twitter sont en anglais et remplis de préjugés.

« Je souhaite ardemment que le chef du NPD présente des excuses. Je pense qu’il me connaît assez pour savoir que je ne suis pas raciste.

M. Singh est sorti de ses gonds après que son regard eut croisé celui de M. Therrien. Selon le chef néo-démocrate, le député bloquiste a fait un geste qui l’a provoqué en balayant d’un revers de la main le contenu de sa motion. « À ce moment-là, je suis devenu furieux. À ce moment-là, j’ai vu le visage du racisme », a-t-il affirmé.

En conférence de presse mercredi après que le président de la Chambre des communes Anthony Rota l’eut expulsé, M. Singh a paru bouleversé par moments, ayant du mal à contenir sa colère et ses émotions à la suite des événements survenus aux Communes.

« J’ai vu ce député non seulement dire non à la motion, mais aussi balayé d’un revers de la main les inquiétudes de ceux qui sont victimes du racisme, des gens qui ont été tués par la GRC. Il a fait exactement ce que l’on fait depuis des décennies. À ce moment-là, je suis devenu furieux. À ce moment-là, j’ai vu le visage du racisme », a-t-il affirmé.

« Je suis triste maintenant. Pourquoi ne pouvons-nous pas agir ? Pourquoi ne pouvons-nous rien faire pour sauver la vie des gens ? Nous pouvons faire quelque chose. Comment une personne peut-elle dire non à cela ? », a lancé d’un autre trait le chef du NPD, refoulant des larmes.

« Des milliers de gens manifestent dans les rues dans le monde et au Canada pour dénoncer le racisme systémique. [...] Le racisme systémique existe au Canada aussi. Nous avons vu des exemples horribles seulement au cours des deux derniers mois. Des images qui nous brûlent l’esprit, des images d’autochtones qui sont battus et brutalisés, et on a vu des agents de la GRC tuer des autochtones », a aussi dit M. Singh.

« Les gens sont frustrés, les gens sont fâchés de voir que le gouvernement fédéral n’a adopté aucune réforme. C’est pourquoi nous avons présenté notre motion », a-t-il dit, soulignant que sa motion visait à entreprendre un examen approfondi des protocoles de la GRC en matière d’utilisation de la force, et de meilleurs investissements en santé mentale.

Interrogé à savoir s’il maintient toujours son accusation contre le député Therrien, le chef du NPD a déclaré : « Oui, toute personne qui s’oppose à une telle motion est raciste ».