(Ottawa) Le gouvernement fédéral étudie discrètement une manière de rehausser le soutien financier aux provinces en matière de services à la petite enfance. Une source soutient que cette démarche s’élève au haut de la liste des priorités des libéraux pour relancer l’économie.

Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen, a passé deux semaines à discuter au téléphone avec divers experts en petite enfance afin de déterminer comment l’aide fédérale pouvait être mieux dépensée.

Le ministre Hussen s’est enquis des risques auxquels s’expose le réseau des services de garderie face au confinement prolongé. Il a aussi interrogé les intervenants sur les enjeux à surmonter pour aider les établissements à reprendre leurs activités.

En parallèle, un comité de sous-ministres discutait récemment de financement en services à la petite enfance et d’infrastructures sociales dans l’espoir de profiter de la bonne entente entre le fédéral et les provinces en ce temps de pandémie.

Il ressort de ces conversations que le gouvernement libéral cherche à mieux coordonner la courtepointe de systèmes de garderies d’une province à l’autre. L’objectif est de s’assurer qu’un bris de service dans les garderies n’empêche de relancer efficacement l’économie post-COVID-19 dans le deuxième semestre de l’année.

Lors d’un entretien avec La Presse canadienne, samedi, le ministre Ahmed Hussen a déclaré que ce qu’il entend du milieu est une volonté de voir le gouvernement fédéral soutenir la coordination de cette juridiction provinciale dans le but de s’assurer d’une meilleure uniformité à travers le pays.

« Pour que les Canadiens aient accès à des services en petite enfance abordables, accessibles, de qualité au moment de retourner au travail », a-t-il mentionné.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen

D’autres détails ont pu être obtenus auprès d’une source bien au fait du dossier au sein du gouvernement, ainsi que d’autres intervenants près des libéraux et des fonctionnaires impliqués. Ils ont partagé ces informations avec La Presse canadienne sous couvert de l’anonymat puisqu’ils n’étaient pas autorisés à parler aux médias ou à partager le contenu de conversations privées.

Plus de trois millions de personnes au Canada sont sans emploi, d’après les données de Statistique Canada. Quelque 2,5 millions de personnes auraient aussi vu leurs heures de travail réduites en raison des consignes visant à réduire la propagation de la COVID-19.

Un peu partout au pays, la majorité des services de garde sont réservés aux travailleurs dont l’emploi est jugé essentiel.

Le gouvernement libéral a déjà reconnu qu’il ne sera pas possible de renvoyer les parents au travail ou de chercher à stimuler la productivité sans la possibilité d’accueillir les enfants à la garderie ou à l’école.

La situation est d’autant plus grave pour les femmes, qui ont souffert davantage de pertes d’emploi et qui sont plus nombreuses à travailler à temps partiel et dans des secteurs économiques affectés dès le début de la crise.

Selon Statistique Canada, 1,5 million de femmes ont perdu leur emploi durant la période des mois de mars et d’avril.

« Le besoin pour les services en petite enfance n’a jamais été plus évident », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau en conférence de presse plus tôt ce mois-ci.

Il a souligné que le financement des services de garde, bien que gérés par les provinces, est une responsabilité partagée. Ottawa se trouve actuellement à mi-chemin d’une entente de 10 ans qui prévoit des investissements de 7 milliards.