(Ottawa) Le ministère des Anciens Combattants a rejeté des dizaines de demandes de prestations d’invalidité de la part d’anciens combattants ou d’agents de la GRC à la retraite qui sont ensuite décédés sans succession admissible.

Plusieurs de ces demandes s’étaient retrouvées bloquées dans les retards accusés par le ministère pour les traiter.

Selon le ministère, 95 demandes ont été rejetées au cours du dernier exercice, dont 41 qui étaient en attente depuis plus de 16 semaines, le délai proscrit selon lequel 80 % des demandes doivent être traitées.

Le porte-parole du ministère des Anciens Combattants, Marc Lescoutre, a imputé aux lois actuelles l’incapacité de la fonction publique à traiter les demandes et à accorder une indemnité à la succession d’un vétéran.

« Si un vétéran ou un agent de la GRC à la retraite dépose une demande avant sa mort, celle-ci suit son chemin et une décision sera rendue, a-t-il expliqué dans un courriel. Si le demandeur meurt avant qu’une décision soit rendue et qu’il n’a pas un conjoint ou un enfant à charge admissible, la succession n’a pas droit aux prestations et le ministère cessera l’examen de la demande. »

Une de ces demandes rejetées avait été déposée il y a plus de deux ans par un sergent à la retraite de la GRC, Robert Nordlund, qui souffrait à la hanche. À sa mort survenue en novembre, il n’avait toujours pas reçu de réponse.

Son fils Scott Nordlund dit comprendre qu’un tel refus soit apposé pour des demandes déposées à la dernière minute par d’anciens combattants sur le point de mourir. Il déplore que les demandes figurant parmi les 44 000 en retard soient traitées de la même manière.

« Quand mon père a fait sa demande, il souffrait d’un cancer au stade 1. Donc, on a un cancéreux dont la demande n’a pas été examinée pendant tout le temps de sa maladie, jusqu’à sa mort. Franchement, donnez-nous une chance », commente-t-il.

La femme de l’ancien policier était vivante lorsque celui-ci a fait parvenir sa demande au ministère, mais elle est morte en juillet.

« Donc si elle avait survécu [le ministère] serait toujours en train d’examiner la demande, dit M. Nordlund. Cela me semble un peu arbitraire. »

Le ministère n’a pas voulu commenter le cas de M. Nordlund, citant les lois sur la protection des renseignements privés.

M. Lescoutre soutient que lorsque le ministère est mis au courant que l’état de santé d’un ancien combattant est précaire, sa demande de prestation d’invalidité peut être traitée plus rapidement.