(Québec) Malgré le démenti des leaders mohawks et des Peacekeepers, le gouvernement de François Legault persiste et signe : il y a bel et bien présence d’armes d’assaut de type AK-47 sur le territoire de Kahnawake.   

Au lendemain des propos du premier ministre François Legault, qui ont provoqué de vives réactions chez les leaders des Premières Nations, le gouvernement a dépêché jeudi le député Ian Lafrenière – ex-policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) – dans l’espoir d’apaiser les tensions.

L’adjoint parlementaire à la Sécurité publique a multiplié les entrevues afin de « préciser » le message envoyé la veille par son premier ministre au sujet de la crise ferroviaire qui secoue le pays depuis trois semaines. « Je trouvais que le message n’a pas été bien reçu », a-t-il admis en entrevue à La Presse.

L’ex-directeur des communications du SPVM est cependant bien clair : « ce que le premier ministre a dit est vrai » à propos de la présence d’armes « offensives, dangereuses » sur le territoire mohawk, mais il rappelle que son patron n’a jamais parlé « de gens armés sur les barricades ».

« [Le premier ministre] a reçu un breffage et il s’est fait dire que des personnes avaient accès à des armes. Ça fait partie de la lecture d’environnement de la police », vulgarise M. Lafrenière. « C’est correct qu’il soit au courant de la situation parce qu’il a des décisions à prendre », a-t-il ajouté.

En pleine mêlée de presse mercredi, le premier ministre a évoqué la présence de AK-47 pour expliquer à la population pourquoi la Sûreté du Québec « n’était pas encore intervenue » pour défaire le barrage ferroviaire à Kahnawake, malgré l’obtention d’une injonction par le chemin de fer du Canadien Pacifique.

« En toute honnêteté, je ne pense pas qu’un policier aurait nommé le calibre [publiquement], mais on a un premier ministre qui est transparent. C’est sûr que ç’a pu en surprendre plus d’un parce qu’on n’est pas habitué à ça », a lancé M. Lafrenière. Il ne croit pas cependant qu’il s’agissait d’une information que le premier ministre aurait dû taire.

« Il n’a pas révélé des positions stratégiques ou des informations sensibles », estime l’ex-policier. « On a dit qu’il y avait des gens qui avaient accès à des armes. J’ai couvert assez de manifestations dans ma vie pour dire qu’il y a souvent des groupes plus radicaux qui profitent d’un événement pour faire du mal. »

« Dans ce cas-ci, il y a des gens plus radicaux qui auraient accès à des armes. Cette information-là, elle est connue. Il faut être prudent. »

Problème « plus profond »

Ian Lafrenière est l’un des rares représentants du gouvernement de François Legault, depuis le début de la crise, a exprimé que les manifestations sont le symptôme d’une cause « plus profonde » faisant allusion aux préoccupations des Premières Nations. « Il y a bien des choses qui n’ont pas été réglées », dit-il.

« Ce n’est pas la première fois que j’entends les Premières Nations dire qu’elles veulent être traitées de nation à nation, de façon égale ou de la désuétude de la Loi sur les Indiens. Juste le nom de cette loi nous ramène des années en arrière », a-t-il ajouté.

En ce sens, il assure que son gouvernement souhaite une « solution durable » comme sortie de crise. « On ne veut pas mettre un plaster sur une hémorragie. L’hémorragie, c’est quoi ? C’est un problème de relation [avec les gouvernements] qui dure depuis un bout. Les blocages ne sont pas la cause, c’est une situation, la cause est plus profonde. »

Le député de Vachon estime qu’on ne peut jamais exclure l’intervention policière d’une négociation puisqu’il faut une sorte d’échéance, mais soutient que « tout le monde souhaite » un dénouement pacifique. « On a expliqué à la population pourquoi il fallait être patient et pourquoi on ne veut pas intervenir avec la force. Ce qu’on veut, c’est une solution pacifique et à long terme », a-t-il conclu.