L’historien et essayiste Frédéric Bastien a lancé sa campagne à la direction du Parti québécois, dimanche après-midi à Montréal, en martelant l’importance de défendre la loi 21 sur la laïcité de l’État et de cesser de segmenter l’électorat.

Malgré la neige et l’immense chantier de la rue Saint-Hubert qui compliquaient la recherche de places de stationnement, plus d’une centaine de personnes sont venues s’entasser dans la petite salle du pub Ninkasi Simple Malt, dans La Petite-Patrie.

En attendant le début des discours, Vincent Cournoyer, 27 ans, et Sébastien Leblanc, 35 ans, prenaient un égoportrait destiné à leur groupe d’amis sur Facebook.

« Plus jeune, je votais un peu pour le Parti québécois, mais ce que j’entends dernièrement, ça ne m’intéressait plus. Peut-être qu’il est là pour rattraper ce qui reste de ce parti », a dit Vincent Cournoyer. « Il incarne le renouveau du Parti québécois au sens patriotique, parce qu’il veut vraiment changer les choses », a ajouté Sébastien Leblanc, qui portait au revers de son veston l’insigne du PQ, dont il est membre.

Frédéric Bastien, qui a été beaucoup vu dans les médias la semaine dernière en raison de ses prises de position sur la contestation de la loi 21 par la commission scolaire English-Montréal, n’avait pas attiré que des convaincus. « Il faut que je l’entende, je suis curieuse de savoir », a commenté Louise Pépin, 65 ans, qui dit avoir plus de temps pour s’intéresser à la politique depuis sa retraite.

« Logiciel diversitaire canadien »

Dans son discours, Frédéric Bastien a abordé de front le « déclin du Parti québécois », l’attribuant à la timidité de son nationalisme et à son « clientélisme ».

« Depuis trop longtemps, nous avons adopté le logiciel diversitaire canadien », a dénoncé celui qui enseigne l’histoire au Collège Dawson, un cégep anglophone de Montréal. Nombreux sont les gens issus de l’immigration récente qui « en ont assez qu’on les enferme constamment dans la case de leur pays d’origine ou du pays d’origine de leurs parents », a-t-il souligné, en promettant de ne pas les considérer comme « des représentants d’une communauté culturelle », mais « de les traiter sur le même pied d’égalité que tout le monde ».

Son refus de compartimenter l’électorat est généralisé. « Moi, les jeunes, les vieux, parler aux jeunes, ça ne m’intéresse pas. Je m’adresse à tout le monde, je ne fais pas de catégories d’électeurs pour parler aux gens de la banlieue ou de telle région. Mes propositions concernent l’ensemble de la population », a-t-il exposé en entrevue avec La Presse en marge de son discours.

Le leadership du PQ est pour l’instant une course à trois, pour laquelle Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, et Paul St-Pierre Plamondon, avocat et ex-orphelin politique, sont également sur les rangs. L’humoriste Guy Nantel n’a pas encore annoncé s’il serait de la partie. 

Dimanche, Frédéric Bastien s’en est plutôt pris aux deux aspirants à la direction du Parti libéral, Dominique Anglade et Alexandre Cusson, à qui il a reproché de ne pas vouloir renouveler la disposition de dérogation derrière laquelle la Coalition avenir Québec a abrité la loi 21 lorsque cette clause arrivera à échéance en 2024.