L’ex-ministre Rona Ambrose figure au premier rang des appuis des Canadiens aux candidats potentiels à la direction du Parti conservateur, suivie par l’ex-ministre Peter MacKay, tandis que l’ex-premier ministre libéral du Québec Jean Charest est loin derrière le duo de tête, laisse croire un sondage Léger mené pour le compte de La Presse canadienne.

Le vice-président exécutif chez Léger, Christian Bourque, parle ainsi d’un « duo de tête » dans une course qui demeure « relativement ouverte », et dont les règles ne sont pas encore connues.

Avec 18 % des partisans conservateurs dans le sondage la présentant comme la meilleure cheffe potentielle, Mme Ambrose est la seule candidate pressentie qui « peut prétendre à un couronnement », estime tout de même en entrevue M. Bourque, disant croire que d’autres candidats pressentis attendront possiblement de savoir si Mme Ambrose sera de la course avant de plonger eux-mêmes.

Stephen Harper figure en très bonne position dans le sondage, même s’il pourrait probablement être « enlevé de l’équation », reconnaît M. Bourque, l’ex-chef n’ayant pas démontré d’intérêt à faire partie de la course. Il obtient, comme Mme Ambrose, 18 % des appuis des partisans conservateurs.

M. Mackay est le choix de 12 % des partisans conservateurs sondés, et M. Charest obtient l’appui de 4 % d’entre eux.

Le sondage indique que 29 % des partisans conservateurs ne « savaient pas quoi répondre » ou « ne voulaient pas répondre » à la question de désigner le meilleur chef potentiel du PCC.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Jean Charest

M. Charest, qui a été chef du Parti progressiste-conservateur dans les années 1990, est le choix de 15 % des personnes sondées au Québec, suivi par l’actuel député Gérard Deltell, avec 10 % d’appuis. Mme Ambrose obtient la faveur de 6 % des gens sondés au Québec.

« D’un point de vue québécois, quand on a entendu parler de M. Charest [comme candidat potentiel], on a estimé que c’était une 'grosse' nouvelle, qu’on imaginait 'nationale', mais il semble qu’elle n’a pas été beaucoup plus loin que le Québec », a soutenu M. Bourque.

De plus, M. Charest « polarise » au Québec plus que d’autres candidats québécois — comme M. Deltell ou Michael Fortier —, ce qui pourrait lui nuire dans une éventuelle course, selon lui.

« Il y a des voix qui vont s’opposer à M. Charest au Québec, à cause de son passé comme premier ministre du Québec, et de toutes les allégations et rumeurs autour de l’UPAC et autres », a relevé M. Bourque.

Le vice-président exécutif chez Léger souligne aussi qu’aucun premier ministre provincial n’est devenu premier ministre du Canada dans l’histoire du pays, notant le peu d’appuis à Jason Kenney à l’extérieur de sa province — même en Alberta, il n’est crédité que de 8 % des appuis des Canadiens sondés.

Auprès de l’ensemble des 1554 Canadiens interrogés dans la dernière semaine, Mme Ambrose, ex-chef par intérim du Parti conservateur, obtient 10 % des appuis, comparativement à 7 % pour M. Mackay, et 5 % pour M. Charest.

Immigration et finances

D’autres enjeux qui pourraient être cruciaux pour le prochain chef sont abordés dans le sondage, comme l’immigration. Ainsi, 63 % des partisans conservateurs sondés souhaitent que le prochain chef privilégie une réduction du nombre d’immigrants, un sujet délicat pour le Parti conservateur, selon M. Bourque.

« Cela va à l’encontre un peu du narratif canadien d’un pays ouvert, hypertolérant, qui accueille de plus en plus d’immigrants. Les candidats conservateurs en campagne se sont toujours tenus relativement loin du sujet de l’immigration, parce que c’est un piège au niveau politique. Mais il y a là un message envoyé par les partisans conservateurs qui va un peu à l’encontre du narratif canadien, et il faut qu’ils en prennent acte », a-t-il fait valoir.

Un élément encore plus révélateur concerne les finances, alors que 82 % des partisans conservateurs souhaitent que le prochain chef s’assure de maintenir des budgets équilibrés et d’éviter des déficits.

« La caractéristique la plus importante si on est un partisan du PCC, c’est d’avoir un chef qui va rétablir l’équilibre budgétaire, et c’est une chose que les conservateurs ont pratiquement évacuée de leur campagne électorale cet automne », a relevé M. Bourque.

La maîtrise du français ne semble pas être un atout prioritaire aux yeux des personnes sondées. Ainsi, 44 % des partisans conservateurs estiment que le prochain chef devrait être parfaitement bilingue, tandis que 53 % des partisans conservateurs n’accordent pas d’importance à cette question.

Le sondage en ligne a été mené du 3 janvier au 7 janvier, et aucune marge d’erreur ne peut être liée à un échantillon non probabiliste.

Les conservateurs éliront leur nouveau chef le 27 juin lors d’un congrès à la direction à Toronto.