(Québec) La Coalition avenir Québec (CAQ) consolide sa mainmise sur la région de Québec. Joëlle Boutin a délogé lundi les libéraux de leur château fort, Jean-Talon, une circonscription qui leur était pourtant acquise depuis sa création, en 1965.

Pour le Parti libéral, la défaite est écrasante. Le parti, qui entame une course à la direction, n’a plus aucun député à l’extérieur de la région de Montréal et de l’Outaouais.

« Joëlle a réussi à faire tomber le dernier bastion libéral à l’est de Montréal. Québec est libéré des libéraux », s’est écrié le premier ministre François Legault, lundi.

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François Legault et Joëlle Boutin

« Il restait une petite forteresse, une circonscription qui ne dérougissait pas depuis 50 ans. L’année dernière, [Joëlle Boutin] l’a ébranlée et aujourd’hui, elle a fait basculer Jean-Talon », a poursuivi le chef caquiste.

« C’est une victoire historique. Je l’ai rêvée [et] ça arrive maintenant », a affirmé Joëlle Boutin dans un restaurant bondé de militants près de l’Université Laval.

« Vous avez élu une députée très proactive, extrêmement déterminée. J’aimerais dire à mes collègues, particulièrement mes collègues ministres, préparez-vous ! Je sais comment faire avancer des dossiers », a-t-elle enchaîné.

Au cœur de Québec

La circonscription de Jean-Talon, située dans les quartiers Sillery et Sainte-Foy à Québec, avait été laissée vacante après le départ de l’ex-ministre de l’Éducation Sébastien Proulx, en août dernier. Mme Boutin avait mordu la poussière en 2018 contre l’ancien député libéral, récoltant 29 % des voix contre 33 %. Lundi, elle l’a remporté en attirant plus de 43 % des suffrages, contre près de 25 % pour la candidate libérale Gertrude Bourdon.

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Sébastien Proulx

La nouvelle députée caquiste, âgée de 40 ans, sera donc la 76e députée à siéger pour le parti de François Legault à l’Assemblée nationale. Ex-pilote de l’air, spécialiste en communication publique et en marketing, elle travaillait jusqu’au déclenchement de l’élection partielle à titre de directrice de cabinet du ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale, Éric Caire.

« Les électeurs de Jean-Talon nous envoient un message : ce qu’on fait depuis un an, c’est apprécié. Mais il ne faut pas s’asseoir sur nos lauriers. […] La confiance, ça se mérite chaque jour », a dit M. Legault, lundi.

Absents à l’est de Montréal

Pour les libéraux, cette défaite dans la circonscription de Jean-Talon fait disparaître le parti de l’ensemble de la carte électorale à l’est de Montréal. Aux élections générales de 2018, le PLQ avait aussi réussi à conserver la circonscription de Roberval (gagnée par Philippe Couillard), qui a ensuite été ravie par la CAQ avec le départ de l’ex-premier ministre.

La candidate libérale Gertrude Bourdon était une figure bien connue dans la capitale. Ex-présidente-directrice générale du Centre hospitalier universitaire de Québec, elle s’était toutefois distinguée en 2018 pour avoir hésité entre la CAQ et le PLQ lors de son lancement en politique. Mme Bourdon avait finalement perdu l’élection dans la circonscription voisine de Jean-Lesage, terminant en troisième position derrière le parti de François Legault et le vainqueur Sol Zanetti, de Québec solidaire.

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Gertrude Bourdon et Olivier Bolduc

Les solidaires misaient aussi gros sur une victoire dans Jean-Talon, lundi. Ils espéraient que leur candidat, le sténographe Olivier Bolduc, l’emporte dans cette circonscription où se situent plusieurs cégeps et l’Université Laval, entre autres. Il a finalement terminé en troisième position, avec près de 17 % des voix, un score inférieur à son prédécesseur, qui avait obtenu 19 % en 2018.

Quant au Parti québécois, le candidat Sylvain Barrette a terminé en quatrième position avec 9 % des voix. C’est moins qu’aux dernières élections générales, où il avait obtenu 14 % du suffrage.

L’histoire se répète

L’histoire se répète pour la CAQ à Québec, alors que le parti avait créé une première fois la surprise en 2017 lors d’une autre élection partielle, dans Louis-Hébert, en envoyant au Parlement Geneviève Guilbault, aujourd’hui ministre de la Sécurité publique. La formation politique de François Legault a ensuite balayé la région lors des dernières élections générales, à l’exception de deux circonscriptions que détient Québec solidaire et de Jean-Talon, qu’elle vient de décrocher.

« J’ai comme une petite impression de déjà-vu. […] On a accompli l’impensable. On a enfin délogé le Parti libéral […]. Fini les libéraux qui vous ont tenus pour acquis », a dit, tout sourire, Mme Guilbault lundi.

Circonscription de prestige pour les libéraux, Jean-Talon avait toujours été représentée dans le passé par de grosses pointures, appelées à jouer un rôle-clé au Conseil des ministres, comme Philippe Couillard, Yves Bolduc, Gil Rémillard et Raymond Garneau, notamment.

– Avec La Presse canadienne