Québec solidaire est le premier parti politique québécois à se doter d’une instance autochtone afin de faire entendre les voix des Premières nations et des Inuits. Les militants ont voté à l’unanimité dimanche pour la création d’une commission nationale autochtone lors d’un congrès à Longueuil.

« On a une belle opportunité de travailler ensemble, se réjouit Gérard Brian, innu et militant pour Québec solidaire depuis de nombreuses années. C’est un travail de longue haleine. Il y a une reconnaissance vraiment inouïe. »

Le but de cette instance est de « fournir une voix pour les personnes autochtones au sein de QS, et du leadership pour le travail de développer des relations de nation à nation entre QS et les communautés et peuples autochtones », selon le document proposé pour adoption.

La cheffe de Québec solidaire, Manon Massé, a aussi expliqué dimanche que dans un Québec souverain, son parti reconnaîtrait le droit aux Premières Nations et aux Inuits de se séparer du Québec s’ils le voulaient.

QS serait ouvert à négocier avec les Premières nations et les Inuits en se conformant à la Déclaration des Nations unies sur le droit des peuples autochtones. Gabriel Nadeau-Dubois a toutefois indiqué que de telles négociations ne mèneraient pas au morcellement du territoire québécois. « L’exercice du droit fondamental à l’autodétermination des peuples autochtones n’implique pas la partition du territoire », a déclaré le co-porte-parole.

Confiance en leurs co-porte-parole

Les 600 militants de Québec solidaire ont donné à nouveau leur confiance à Gabriel Nadeau-Dubois et à Manon Massé aux postes de co-porte-parole lors d’un vote dimanche en marge du congrès du parti.

Leur mandat sera donc prolongé jusqu’en 2022.

Manon Massé était la seule à se présenter pour le poste de porte-parole féminine. Quant à Gabriel Nadeau-Dubois, il se présentait contre le Beauceron Étienne Gélinas.

Ce sera le dernier mandat de deux ans pour ces postes. À partir de 2022, les co-porte-parole seront nommés pour une période de quatre ans. 

« J’ai hâte qu’on mette fin à la pauvreté au Québec, a dit Manon Massé devant ses partisans à Longueuil, qu’on récupère les milliards qui s’envolent dans les paradis fiscaux, qu’on finance notre culture comme du monde. »

Gabriel Nadeau-Dubois a profité de son discours pour critiquer le gouvernement de François Legault. Il accuse la CAQ de « [rejeter] la science ». 

« On n’arrive pas à trouver un seul expert qui appuie le troisième lien ? Pas grave, on va sortir la peinture verte et appeler ça un projet de lutte aux changements climatiques », a affirmé avec ironie M. Nadeau-Dubois.

Indépendance et changements climatiques

La cheffe de Québec solidaire Manon Massé a souligné dimanche l’importance pour le Québec de faire l’indépendance afin de devenir un leader environnemental et se séparer d’un Canada « pétrolier ».

La souveraineté et l’environnement étaient au cœur des discussions tout au long du congrès de Québec solidaire à Longueuil en fin de semaine. QS souhaite séparer le Québec du Canada lors d’un premier mandat au pouvoir. 

« La constitution canadienne nous tient dans un état pétrolier, a dit la cheffe du parti Manon Massé en point de presse dimanche. Dans cette perspective-là, créer un Québec état est une façon de couper avec cette réalité-là ». Aucun nouveau projet pétrolier ne verrait le jour dans la province si QS réalise l’indépendance.

Si le Québec devient un pays sous un gouvernement solidaire, le parti s’engage à mettre sur pied une armée pour défendre le nouveau pays. La majorité des 600  militants ont voté hier en faveur du scénario d’une armée dont le mandat « [serait] axé sur la sécurité collective et la dissuasion ».

Les membres de Québec solidaire ont discuté d’écofiscalité hier matin. La formation n’a pas voulu se prononcer sur une hausse de coût éventuelle qui pourrait être refilée aux consommateurs après l’adoption de mesures fiscales plus sévères contre les pollueurs.

Mme Massé croit que le gouvernement doit faire plus d’efforts pour réduire les émissions de CO2 de la province. « Je croirai M. Legault vraiment sincère pour lutter contre les changements climatiques lorsqu’il dira non à tous les projets d’exploitation et d’exploration gazière et pétrolière sur le territoire, a dit Mme Massé. Je n’entends pas ça depuis un an. »

Pour cette dernière journée de ce congrès qui avait pour thème « Prendre le pouvoir, transformer le Québec », les membres de Québec solidaire ont voté afin d’élire des représentants à l’interne.

Cet après-midi, les membres se prononceront sur la façon d’arrimer leurs idées avec celles d’Option nationale. Ce parti a fusionné avec Québec solidaire à l’issue d’un vote en décembre 2017.

La députée Catherine Dorion brillait par son absence du congrès, qui s’est ouvert vendredi soir et dure trois jours. Le parti a indiqué qu’elle serait présente par vidéoconférence, mais qu’elle restait à Québec pour appuyer le candidat Olivier Bolduc dans la circonscription voisine de la sienne, Jean-Talon, où des élections partielles auront lieu le 2 décembre prochain, à la suite du départ du libéral Sébastien Proulx.

Manon Massé a indiqué que la décision avait été prise « il y a plusieurs semaines ». « On est super contents qu’elle soit à Québec, à un moment stratégique du vote par anticipation », a-t-elle souligné.

La députée a été la cible de bien des critiques de ses adversaires au cours des dernières semaines en raison de son habillement.

– Avec Janie Gosselin