(Québec) Le climat à l’Assemblée nationale a dégénéré, jeudi, lors d’une période de questions particulièrement houleuse où le président François Paradis a eu du mal à s’imposer.

Le leader parlementaire de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a même laissé entendre que le président était en train de perdre le contrôle de la Chambre.

Les députés du Parti libéral du Québec (PLQ) ont d’ailleurs chahuté M. Paradis pendant de longues minutes, après qu’il eut refusé de demander au leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, de retirer ses propos selon lesquels les libéraux « bloquaient les choses ».

Or, le verbe « bloquer » fait partie de la liste des termes jugés antiparlementaires par l’Assemblée nationale.

Le leader parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, s’est aussi lancé dans la mêlée, en exhortant en vain le président Paradis à intervenir auprès de M. Jolin-Barrette.

« M. le Président, si on n’a plus de terme antiparlementaire, vous allez perdre le contrôle de la Chambre, ce n’est pas ça que vous voulez — il doit les retirer », a averti M. Tanguay.

À sa sortie de la période de questions jeudi, le premier ministre François Legault a accusé les libéraux de « s’énerver » inutilement.

Tandis que le PLQ et QS prenaient à partie le président Paradis, le Parti québécois (PQ), lui, a préféré braquer les projecteurs sur Simon Jolin-Barrette, qui est le chef d’orchestre des travaux à l’Assemblée nationale.

C’est le seul à pouvoir faire baisser la tension, en faisant preuve d’humilité et en résistant à la tentation « d’avoir le dernier mot », selon Martin Ouellet, leader parlementaire du PQ.

« C’est lui qui donne le tempo. C’est lui qui donne la marche à suivre. C’est lui qui donne l’intensité », a-t-il déclaré en point de presse.

« Il fait des effets de toge. Ce n’est pas nécessaire. Et ce que ça fait, […] c’est que ça augmente la frustration des oppositions. Et, au final, on fait juste augmenter le nombre de décibels. »

Voyant le rififi qu’il causait, M. Jolin-Barrette a fini par retirer lui-même ses propos, sans que M. Paradis le lui demande.

Moins de questions

Par ailleurs jeudi, les libéraux ont déploré que pour la première fois depuis le début de la législature, les oppositions n’ont réussi à poser que sept questions en l’espace d’une heure, un triste record.

Ils ont fait part au président de leur immense insatisfaction quant à la gestion de la période de questions, qui n’a pas été « à la hauteur de (leurs) attentes ».

Selon M. Tanguay, les partis d’opposition peuvent habituellement poser jusqu’à neuf ou dix questions en Chambre. Il n’est arrivé qu’une seule fois qu’ils en aient posé seulement huit.

« M. le Président, vous êtes chargé de faire en sorte de faire observer le règlement, de maintenir l’ordre et de faire en sorte que l’on puisse bien fonctionner », a déclaré M. Tanguay de son siège au Salon bleu.

« Force est de constater, M. le Président, que la période de questions aujourd’hui n’aura pas été à la hauteur de nos attentes. »

La présidence doit être l’arbitre impartiale des débats et doit à ce titre avoir la confiance de tous les groupes parlementaires. Elle est le gardien des droits de chaque député, mais doit aussi veiller particulièrement aux droits de la minorité parlementaire.

En 2011, le leader parlementaire péquiste Stéphane Bédard avait contesté une décision du président Yvon Vallières pour ensuite lui retirer sa confiance. Peu après, M. Vallières avait démissionné.