(Ottawa) Le Parti libéral du Canada (PLC) n’est plus représenté au Sénat. Les neuf sénateurs qui, jusqu’à jeudi matin, s’affichaient comme « libéraux au Sénat » se sont transformés en « Groupe progressiste du Sénat ».

Ils espèrent ainsi forcer la main de Justin Trudeau pour qu’il livre rapidement sa promesse électorale de changer la Loi sur le Parlement du Canada.

« Cette loi-là, puisqu’il n’y a plus personne qui s’appelle libéral, il va être obligé de la réviser parce qu’il faut qu’il donne un cadre législatif à sa volonté politique d’indépendance du Sénat », a fait valoir le sénateur Dennis Dawson, en entrevue téléphonique.

M. Dawson a expliqué que son groupe devait demeurer « libéral » jusqu’à ce que les résultats de l’élection d’octobre soient connus. Si les Canadiens avaient élu un gouvernement conservateur, les libéraux au Sénat seraient alors devenus l’opposition officielle dans la Chambre haute, la Loi sur le Parlement du Canada exigeant que ce rôle soit tenu par un parti politique reconnu.

Lorsqu’il est devenu chef du PLC, M. Trudeau a coupé les liens avec les sénateurs libéraux, leur refusant l’accès à son caucus, espérant ainsi faire du Sénat une chambre moins partisane. Depuis son élection de 2015, il a changé le processus de nomination au Sénat afin de ne nommer que des sénateurs indépendants.

Les progressistes, comme ils veulent se faire appeler, veulent le voir maintenant inscrire en loi ces changements.

« C’était évident qu’on ne peut pas continuer à fonctionner avec l’ancienne loi qui […] prévoit le pouvoir et l’opposition, dans le sens traditionnel », a insisté le sénateur Dawson. « S’il veut que son désir de Sénat indépendant soit réalisé, il faut qu’il donne de nouveaux pouvoirs à ce nouveau Sénat, ce qu’il n’a pas fait », a-t-il poursuivi.

Le Groupe progressiste du Sénat espère recruter d’autres sénateurs, maintenant que l’étiquette libérale a été abandonnée.

« C’était évident qu’on s’est fait dire plus souvent qu’à notre tour par les autres indépendants progressistes qu’ils ne voulaient pas se joindre à un parti politique », a relaté M. Dawson.

Il estime que le Groupe des sénateurs canadiens (GSC), formé la semaine dernière, a précipité la décision des libéraux de se transformer en progressistes.

Le GSC a été créé par deux sénateurs conservateurs, huit sénateurs du Groupe des sénateurs indépendants (GSI) et un sénateur non affilié.

« Les membres du GSI, avaient beau être dans le même caucus, ils ne s’entendaient pas », croit savoir M. Dawson. « Tandis que là, au moins ils se sont débarrassés de leur aile droite. On pense qu’il y aurait de la place maintenant pour certaines personnes qui sont malheureuses dans le GSI de se joindre à nous », a-t-il espéré.

Le GSI continue d’être le groupe le plus important au Sénat. Il compte maintenant 51 membres. Le GSC en a 11, les progressistes 9, les sénateurs conservateurs sont au nombre de 25 et il y a quatre sénateurs non affiliés.

Dans un communiqué émis jeudi matin, les progressistes disent que leurs votes ne seront pas dictés par un whip, que chaque membre pourra voter librement, et que les sénateurs progressistes pourront également être membres d’un parti politique.

Ils insistent sur leur objectif de promouvoir des points de vue progressistes dans l’examen des projets de loi soumis par les élus. Ils veulent également marcher « main dans la main » avec les peuples autochtones pour favoriser la réconciliation.

C’est le Néo-Brunswickois Joseph Day qui est, pour le moment, leur leader. Parmi les neuf sénateurs, on retrouve deux Québécois : M. Dawson et Serge Joyal.