(Ottawa) L’homme d’affaires Kevin O’Leary, qui avait été brièvement candidat à la direction du Parti conservateur du Canada en 2017, contestera en avril la constitutionnalité de certaines dispositions de la loi sur le financement des partis politiques.

L’ancien juge à l’émission Dragons’ Den conteste les règles d’Élections Canada qui imposent aux candidats à la direction d’un parti un délai précis pour rembourser leur dette de campagne. M. O’Leary conteste aussi le fait qu’un candidat ne puisse pas rembourser de sa poche cette dette. L’homme d’affaires soutient qu’il a réduit jusqu’ici sa dette de près de 500 000 $, pour la porter à moins de 160 000 $. Or, en vertu des règles actuelles, il devrait effacer cette dette d’ici le mois de mai prochain.

La date d’audience en Cour fédérale est fixée au 15 avril 2020.

L’homme d’affaires soutient que jusqu’à ce que la loi soit corrigée, il ne sera plus jamais candidat à la direction d’un parti — ce qui ne l’empêche pas de souhaiter que quelqu’un d’autre remplace au plus tôt Andrew Scheer, qui n’a pas pu former un gouvernement le mois dernier.

« Andrew ne peut tout simplement pas diriger, a déclaré M. O’Leary en entrevue à La Presse canadienne. Ça n’a aucun sens de refaire des élections avec lui : on obtiendra le même résultat. »

M. O’Leary avait abandonné la course à la direction du parti après les résultats décevants des sondages internes. Il a ensuite apporté son soutien à Maxime Bernier, qui a terminé deuxième. Le député beauceron a par la suite claqué la porte des conservateurs pour fonder le Parti populaire, qui n’a fait élire aucun député le mois dernier — même pas son chef.

Selon M. O’Leary, Andrew Scheer a remporté la course à la direction en réussissant à convaincre les membres du parti qu’il pourrait mettre sous le boisseau son conservatisme social — ce qu’il n’aurait pas réussi à faire avec les Canadiens. M. O’Leary soutient que les membres du caucus conservateur auxquels il a parlé sont en colère et veulent un changement immédiat. Or, les députés conservateurs ont voté mercredi contre la mise en vigueur de règles qui leur auraient permis de chasser leur chef par un vote au caucus. Le sort de M. Scheer est maintenant entre les mains des membres du parti, qui se réuniront en congrès en avril.

Sortir Trudeau

M. O’Leary demeure membre du Parti conservateur, pour qui il a voté le mois dernier. Mais il soutient que le premier ministre Justin Trudeau ne peut pas rester encore en poste parce qu’il menace l’économie canadienne. Il cite le récent exemple du géant de l’énergie Encana, qui a choisi de déménager son siège social aux États-Unis. Des idées comme le corridor énergétique national pourraient redresser la barre du navire économique, croit-il : elles ont simplement besoin d’un capitaine différent.

M. O’Leary évoque notamment les noms de Peter MacKay, ancien ministre qui a répété à maintes reprises qu’il n’était pas intéressé, et Lisa Raitt, elle aussi ancienne candidate à la direction, qui a également déclaré soutenir actuellement M. Scheer. Mme Raitt a toutefois perdu son siège aux élections du mois dernier à cause de M. Scheer, estime M. O’Leary.

Selon l’homme d’affaires, le refus du chef conservateur de participer aux défilés de la fierté LGBTQ signifie qu’il ne gagnera jamais assez de soutien parmi les femmes de circonscriptions clés comme celle de Mme Raitt, à l’extérieur de Toronto — et sans ces comtés, il ne pourrait jamais gagner.

M. Scheer plaide qu’il peut conserver ses opinions personnelles et trouver d’autres moyens de défendre les droits de la communauté LGBTQ, mais M. O’Leary n’est pas de cet avis. Quand on vous demande de marcher, vous marchez, dit-il.

« Vous ne dites pas non, vous dites oui. Vous faites preuve de respect. C’est obligé, ce n’est pas une option. Vous devez faire preuve de respect en tant que chef. Si vous ne trouvez pas cela en vous-même, vous ne pouvez pas diriger. »

M. O’Leary et son épouse Linda sont actuellement poursuivis au civil pour un accident de bateau qui a fait deux morts l’été dernier. L’homme d’affaires a refusé de commenter le litige mais il a qualifié l’accident de tragique.