(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau devra s’entourer de davantage de Québécois afin de démontrer qu’il est à l’écoute des besoins de la province, estiment plusieurs de ses députés.

Pour ce faire, il pourrait être tenté de nommer un lieutenant politique pour le Québec.

Lors d’une mêlée de presse, jeudi, M. Trudeau a confirmé que cette option « fait partie des réflexions » entreprises par ses députés et les candidats défaits lors de leur première rencontre à Ottawa depuis l’élection.

« On n’a pas pris de décision précise encore, mais vous allez tout savoir évidemment le 20 novembre », a lancé M. Trudeau, en référence à la date prévue pour la présentation de son conseil des ministres.

Ses députés québécois, quant à eux, n’ont pas voulu faire part de leurs opinions personnelles quant à la nécessité d’un lieutenant québécois.

« Il faut renforcer la présence de Québécois ici à Ottawa, dans les cercles décisionnels, et ça va se faire », fait valoir le ministre Pablo Rodriguez, réélu dans la circonscription montréalaise d’Honoré-Mercier.

Questionné au sujet de la façon dont cela devrait se faire, M. Rodriguez répond qu’il « laisse ça entre les mains du premier ministre ».

« Toutes les idées, toutes les options doivent être discutées », a laissé tomber son collègue Jean-Yves Duclos, réélu dans la circonscription de Québec.

Le député Anthony Housefather a pour sa part émis des doutes.

« Je ne suis pas certain de la nécessité (d’un lieutenant politique du Québec). Le premier ministre vient du Québec, il est là à notre caucus du Québec, il est présent, toujours », a-t-il dit.

Les libéraux ont fait élire 35 députés québécois à la dernière élection, soit cinq de moins qu’en 2015. S’ils ont fait des gains à Montréal, ils ont perdu des sièges à l’extérieur de l’île aux mains du Bloc québécois.

Les élus et ministres hors Montréal admettent qu’ils devront reconnecter avec les régions.

« Oui, c’est très montréalais comme parti », concède Diane Lebouthillier, réélue dans Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine après une chaude lutte avec son rival bloquiste.

Sans aller aussi loin que sa collègue, François-Philippe Champagne admet qu’il y a une « dichotomie qui est en train de se dessiner entre les milieux urbains et les régions ».

Il pense que son parti devra faire preuve d’« humilité » et « rassembler » avec des enjeux qui sont importants pour les régions plus éloignées.

M. Trudeau a fait appel à deux femmes — Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada en France, et Anne McLellan, ancienne vice-première ministre libérale — afin de le conseiller sur la formation de son gouvernement minoritaire dans le contexte d’un Canada divisé.

Mme Hudon, femme d’affaires québécoise, et Mme McLellan, ex-élue albertaine, l’aideront à reconnecter avec le Québec et l’Ouest canadien.

M. Trudeau devrait également tenir des conversations avec les chefs des partis d’opposition la semaine prochaine. C’est à la suite de ces conversations qu’il décidera si la Chambre des communes sera rappelée avant le temps des Fêtes.