(Québec) Bien campé chez les climatosceptiques, le gouvernement Legault ne répondra pas à l’appel des Nations unies (ONU) qui demande d’arriver à New York la semaine prochaine avec des solutions en vue de combattre les changements climatiques.

C’est la conviction du porte-parole du Pacte pour la transition écologique, le metteur en scène Dominic Champagne, scandalisé par l’inaction du gouvernement caquiste après bientôt une année au pouvoir.

Il avait pourtant rencontré M. Legault dans la foulée du lancement du Pacte l’an dernier et même adhéré à la Coalition avenir Québec (CAQ) en signe de bonne foi. Mais au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne publiée samedi, il a exprimé sa déception, mais aussi son espoir que la mobilisation force le gouvernement à agir.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, et son collègue à l’Énergie, Jonatan Julien, débarqueront à New York la semaine prochaine pour le Climate Week, un grand sommet annuel coordonné par l’ONU, mais Dominic Champagne est persuadé qu’ils ne présenteront aucun plan concret.

Depuis Jean Charest, la tradition voulait que le premier ministre aille en personne au Climate Week, puisque le Québec joue en rôle important en diplomatie climatique chez les États fédérés, mais François Legault y envoie plutôt ses ministres.

« ll n’est pas dans sa zone de confort, il n’est pas prêt, il ne débarquera pas là sans avoir l’ombre d’une solution », a déploré M. Champagne.

Pourtant l’an dernier le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait lancé un appel à la société civile, ainsi qu’un cri du cœur aux dirigeants du monde entier, comme quoi « il n’y a plus de temps à perdre » devant l’urgence climatique : il exigeait des solutions pour cette année et non plus des discours.

« Le gouvernement Legault demeure dans le camp des climatosceptiques [ceux qui réfutent le consensus scientifique sur les bouleversements climatiques] », a poursuivi M. Champagne.

« C’est légitime de demander s’ils [les caquistes] sont climatosceptiques, parce que pour l’instant ils agissent et gouvernent comme des climatosceptiques. Quels gestes ont-ils posés depuis un an ? À peu près le néant. […] Quelle réponse les ministres donnent-ils à l’appel de l’ONU ? Quel plan concret ? Le gouvernement est dépassé, déphasé par rapport à l’urgence. »

Il reconnaît que la CAQ a mis en place des mesures, par exemple pour encourager l’achat d’autos électriques. Cependant, « ces gestes ne sont pas à la hauteur du défi », et « le préjugé favorable » envers des projets comme l’usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay « vient annuler toute velléité d’effort du gouvernement ».

Le Plan d’action du Québec sur les changements climatiques de 2020-2030 se fait encore attendre, tandis que pour le plan 2013-2020, le Québec est en voie de rater sa cible de réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au seuil de 1990.

« Le gouvernement n’a encore rien à nous soumettre et ce qu’il va nous soumettre, je suis persuadé que ce ne sera pas à la hauteur de la situation, a déclaré M. Champagne. Après ils vont se défendre en disant qu’ils sont pragmatiques et qu’on aura encore besoin du pétrole longtemps. »

Néanmoins il garde espoir et compte sur la mobilisation populaire pour finir par infléchir le gouvernement, « amadoué par une industrie toute puissante qui a “runné la business” depuis plus d’un siècle ». Car au-delà des gestes individuels, il faut des politiques publiques pour répondre à la crise actuelle et se « désintoxiquer du pétrole », estime-t-il.

Le Québec a la chance de compter sur une « potion magique », selon ses mots : l’hydro-électricité. M. Champagne appelle le gouvernement à miser une fois pour toutes sur l’inventivité, les ressources et le génie québécois, pour entreprendre un véritable virage vert.

« On a décidé de devenir “maîtres chez nous” et fonder notre modernité sur deux valeurs fondamentales : énergie propre et partage de la richesse liée à l’exploitation de cette énergie. Mais aujourd’hui, les projets qui chatouillent le cœur de notre gouvernement sont basés sur une énergie sale au profit d’intérêts privés, c’est tout le contraire de ce que nous sommes. »