(Ottawa) Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, prend les grands moyens pour obliger Central Maine and Québec Railway Canada inc. (CMQR) à réparer le chemin de fer entre Farnham et Lac-Mégantic.

« La tragédie du 6 juillet 2013 de Lac-Mégantic restera à jamais gravée dans notre mémoire collective. Je réitère que la sécurité ferroviaire demeure ma priorité absolue et je continuerai de faire tout en mon possible pour l’améliorer », a martelé le ministre.

M. Garneau a annoncé vendredi, en fin de journée, qu’il a émis un ordre ministériel en vertu de la Loi sur la sécurité ferroviaire afin d’obliger l’entreprise à réparer les 253 défectuosités sur le chemin de fer de quelque 200 kilomètres d’ici le 15 octobre prochain.

CMQR devra aussi « réaliser un examen interne de ses procédures d’inspection et d’entretien des voies ferrées, pour s’assurer que de sains principes de gestion d’ingénierie soient appliqués, et que les procédures soient claires, bien comprises et suivies par ses employés ».

Finalement, le ministre exige que l’entreprise effectue trois inspections ultrasoniques au cours des 12 prochains mois, et fournisse les résultats de ces inspections à Transports Canada.

La limite de vitesse de 10 milles à l’heure, qui est déjà en vigueur sur certaines sections, sera maintenue « jusqu’à ce que les correctifs aient été apportés, et que les inspecteurs de Transports Canada aient complété leurs vérifications », a ajouté le ministre Garneau.

Cette décision survient un peu plus de 24 heures après que la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic eut envoyé une mise en demeure au ministre Garneau et à l’inspecteur de Transports Canada, Jean-René Gagnon.

La Coalition allègue que le tronçon de quelque 200 kilomètres qui traverse l’Estrie n’a pas été bien réparé et que des déformations bien visibles sur les rails entraînent des risques de déraillements. Elle allègue un manque de suivi de MM. Garneau et Gagnon.

Elle demandait au ministre des Transports d’interdire tout transport de matières dangereuses tant que le chemin de fer n’aura pas été entièrement réparé et aura fait l’objet d’une inspection « complète, indépendante, et rigoureuse » par Transports Canada.

Joint en soirée, vendredi, le porte-parole de la Coalition, Robert Bellefleur, a maintenu ses demandes. Il n’a pas l’intention de retirer sa mise en demeure.

« Je me serais attendu de la part du ministre qu’il utilise le principe de précaution qui exige à la compagnie de cesser le transport des matières dangereuses jusqu’au 15 octobre, le temps requis qu’il leur donne pour réparer ces rails-là », a réagi M. Bellefleur.

« Pendant ce temps-là, d’ici au 15 octobre, il y a du gaz propane, de l’acide sulfurique, du chlorate de sodium, de l’essence automobile et divers produits chimiques qui vont circuler, pas juste à Lac-Mégantic, mais dans tout l’Estrie », déplore-t-il.

M. Garneau assure que des représentants de son ministère procéderont à des inspections sur place au cours des prochains jours pour vérifier l’état des rails.

« Transports Canada effectue environ 33 000 inspections de la sécurité ferroviaire par année. Mon ministère continuera à effectuer la surveillance du réseau ferroviaire, et je n’hésiterai pas à prendre rapidement d’autres mesures nécessaires, afin d’assurer la sécurité du public », a-t-il conclu.