(Montréal) Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, reproche au Parti vert de propager des faussetés en ayant affirmé que 14 candidats néo-démocrates du Nouveau-Brunswick seraient prêts à faire le saut chez les verts.

Toute cette histoire est « un fiasco », un « acte désespéré » de la part du Parti vert, a lancé jeudi le chef du NPD alors qu’il rencontrait la presse au centre-ville de Montréal pour présenter son candidat dans Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, le cinéaste engagé Hugo Latulippe.

Bien que M. Singh ait assuré qu’il était faux de parler de 14 candidats du NPD provincial, il n’a pas voulu dire quel était le nombre exact. C’est au Parti vert de s’expliquer, s’est exclamé M. Singh.

Le Parti vert a saisi la balle au bond. Dans un communiqué, les verts ont affirmé avoir pu contacter au cours de la journée de jeudi l’ex-membre de l’exécutif fédéral du NPD dans les provinces de l’Atlantique, Jonathan Richardson, ainsi que sept anciens candidats néo-démocrates aux élections provinciales, qui ont tous confirmé que leur décision de se rallier au Parti vert n’avait pas changé.

Cinq des 14 anciens candidats de la branche provinciale du NPD dont les noms figuraient dans la liste des démissionnaires ont toutefois affirmé jeudi qu’ils avaient été nommés sans leur consentement.

Environ deux heures après la conférence de presse de M. Singh, le NPD fédéral a publié des déclarations signées par cinq ex-candidats dont les noms figuraient dans la liste présentée mardi par les verts. Ces candidats ont déclaré qu’ils restaient fidèles au NPD.

Selon le porte-parole du Parti vert du Nouveau-Brunswick, Marco Morency, le NPD a fait pression sur les candidats démissionnaires pour les dissuader de rejoindre le Parti vert.

« Et c’est ce que nous constatons aujourd’hui », a-t-il déclaré en entrevue.

M. Morency a affirmé avoir parlé personnellement à neuf des 14 ex-candidats provinciaux qui lui ont confirmé leur volonté de rejoindre les verts, au fédéral ou au provincial.

La chef du Parti vert fédéral, Elizabeth May, a reproché à Jagmeet Singh de ne jamais être allé au Nouveau-Brunswick depuis qu’il est devenu chef.

« Il n’est pas étonnant que les néo-démocrates du Nouveau-Brunswick aient été désillusionnés », a-t-elle affirmé. « Être un chef de parti fédéral est un travail difficile. […] Il appartient à M. Singh de déterminer ses priorités. »

Alors que la campagne électorale fédérale est sur le point d’être déclenchée, M. Singh a précisé jeudi qu’il comptait avoir 302 candidats du NPD au pays d’ici quatre ou cinq jours. Le NPD n’a pas encore nommé de candidats au Nouveau-Brunswick.

Publicité sans turban

Par ailleurs, M. Singh s’est défendu d’avoir voulu rallier des votes au Québec en faisant une publicité dans laquelle on l’aperçoit sans turban. Sur les réseaux sociaux, certains lui ont reproché de se faire racoleur pour tenter d’acheter des votes au Québec.

« Il y a des stigmates, des préjugés qui existent. Pour moi, ce n’est pas grand-chose de montrer mes cheveux. C’est bon, je pense. Quand j’étais jeune, il y avait cette perception négative, parce que le monde ne sait pas ce qu’il y a dans le turban. Je veux montrer : ce n’est pas grand-chose, mais c’est beaucoup de cheveux. Plutôt, je veux montrer mon ouverture au Québec, parce qu’au Québec, j’ai toujours reçu un accueil chaleureux. Et je veux montrer que moi, je suis aussi ouvert et je suis un allié pour le Québec », a-t-il expliqué.

M. Singh, accompagné de son lieutenant québécois Alexandre Boulerice et d’autres candidats du NPD au Québec, s’est dit fier d’avoir recruté le cinéaste Hugo Latulippe, aussi militant écologiste.

M. Latulippe, réputé pour être un indépendantiste, n’a pas répondu par oui ou par non, quand on lui a demandé s’il l’était toujours, puisqu’il est candidat dans un parti fédéraliste. « On peut être souverainiste dans l’absolu et vouloir travailler à l’avancement du Québec pendant qu’il est toujours dans le Canada », a-t-il répondu, avant d’ajouter : « j’ai décidé de tendre la main aux progressistes du Canada pour faire progresser le Québec ».

Et dans un message qu’il a adressé aux Québécois, il a lancé : « il faut arrêter de voter stratégique ou pour empêcher des affaires d’arriver ».