(Québec) Les partis d’opposition déplorent que les GAFAM – un acronyme fréquemment utilisé pour désigner les géants américains du web – ne sont pas invités à la commission qui étudie l’avenir des médias d’information, alors qu’ils sont au cœur des problèmes que traverse ces jours-ci la presse écrite au Québec.

Isabelle Melançon, porte-parole du Parti libéral (PLQ) en matière de culture et de communications, invite le gouvernement Legault à profiter de la campagne électorale fédérale pour mettre de la pression sur Ottawa.

«La plus grande des problématiques, on la connaît, c’est [que les GAFAM], donc les Google, Amazon, Facebook de ce monde, [qui] viennent chercher du contenu que les médias créent et, sans verser un sou, récoltent le fruit de votre travail et le mettent sur [leurs] plateformes. Et puisqu’ils le mettent sur les plateformes, ils sont capables d’aller chercher jusqu’à 75% du dollar en publicité qu’ils envoient directement en Californie», a illustré lundi Mme Melançon.

« On peut aller chercher [de l’]argent dans les poches des grosses compagnies de la Silicon Valley qui font des centaines de millions chez nous, au Québec, sans payer aucun impôt. [Ils] profitent finalement de l’économie québécoise sans redonner à l’économie québécoise», a déploré à son tour Catherine Dorion de Québec solidaire (QS), qui aurait souhaité entendre ces compagnies cette semaine à l’Assemblée nationale.

Une question de «souveraineté culturelle»

La commission parlementaire sur l’avenir des médias d’information étudiera de lundi à vendredi les nouveaux modèles d’affaires à privilégier pour assurer l’avenir financier des entreprises de presse, mises à rude épreuve en raison de la baisse constante des revenus publicitaires accaparés par les géants du web.

La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a dit se «réjouir» du début des travaux, affirmant avoir un «grand intérêt pour ces travaux et les conclusions qui en résulteront».

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La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy.

«J’ai confiance que le rapport qui en résultera nous fournira un portrait détaillé des enjeux de l’industrie des médias d’information au Québec à l’ère du numérique. Cet éclairage viendra bonifier nos propres travaux déjà amorcés dans le but de mettre en place des solutions structurantes pour l’avenir de l’information au Québec. Nous avons la responsabilité d’agir et nous agirons», a déclaré la ministre Roy par communiqué.

Dans ce contexte, la députée libérale Isabelle Melançon n’hésite plus à évoquer le principe de la «souveraineté culturelle» du Québec, thème qu’elle pourrait mettre de l’avant si Ottawa refusait d’encadrer les GAFAM dans le marché canadien.

«Si le gouvernement fédéral ne veut pas bouger, il y a des droits qu’on devra aller chercher pour la culture québécoise», a-t-elle dit.

Facebook est là pour rester, dit Dorion

Catherine Dorion, qui est particulièrement active sur les réseaux sociaux, prévient que les GAFAM sont là pour rester, qu’on aime leurs pratiques commerciales ou non.

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La députée de Québec solidaire, Catherine Dorion.

«Facebook, ce n’est pas un média. Facebook est une plateforme, comme autrefois le papier était une plateforme et c’est clair: on ne réussira pas […] à empêcher cette révolution mondiale, qui quitte le papier […] et qui s’en va sur l’internet. On ne réussira pas», a-t-elle dit.

«Pensez-vous qu’on peut arrêter d’utiliser les réseaux sociaux? La réponse est non. […] C’est [leur] modèle d’affaires qui est problématique», a ajouté Isabelle Melançon du Parti libéral.

Entre-temps, la députée libérale encourage ses collègues et le gouvernement Legault à ne plus acheter de publicités sur les réseaux sociaux. Catherine Dorion croit au contraire que cela n’est pas possible, alors que les jeunes y sont particulièrement actifs.

«On prend de la pub sur Facebook, comme le gouvernement du Québec, comme tout le monde. [Si vous] voulez faire une publicité pour inciter les jeunes à aller voter, vous allez mettre ça où ? Au Téléjournal, où l’âge moyen qui le regarde c’est 60 ans? […] Il faut prendre acte de la société où on est rendus en ce moment», a-t-elle dit.

- Avec La Presse canadienne