Les libéraux ont sorti des boules à mites un discours d’Andrew Scheer qui exprime toute son opposition au mariage entre personnes du même sexe, histoire d’attaquer le chef conservateur sur son bilan en matière de défense des LGBTQ2. 


« Il n’y a rien de plus important pour la société que le fait de mettre des enfants au monde puisque la survie même de la société en dépend », plaide aux Communes en 2005 celui qui était alors député conservateur d’arrière-ban de la Saskatchewan. 

« Les unions homosexuelles ont par nature un caractère diamétralement opposé. Il n’y a pas de complémentarité entre les sexes », enchaîne-t-il dans cette intervention filmée sur le projet de loi C-38, dont l’adoption est venue légaliser ces unions au Canada. 

« Deux personnes du même sexe ont de nombreuses caractéristiques secondaires du mariage, mais n’ont pas sa caractéristique intrinsèque, car ils ne peuvent procréer naturellement. Ils ne peuvent, par conséquent, être mariés », poursuit Andrew Scheer.

Il soumet ensuite ceci : « Combien de pattes un chien aurait-il si on comptait la queue comme une patte ? La réponse demeure quatre. Ce n’est pas parce qu’on appelle une queue une patte qu’elle devient une patte ».

Adopter le projet de loi gouvernemental forcerait les Canadiens « à appeler une queue une patte, rien de moins », tranche le chef conservateur dans la vidéo partagée sur les réseaux sociaux par plusieurs élus libéraux, hier. « S’il aspire à diriger le Canada, le chef du Parti conservateur doit cesser de boycotter les événements de la Fierté et dire s’il s’oppose toujours au mariage entre personnes  de même sexe », a écrit le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Réplique conservatrice

Le camp conservateur a vite riposté, notant que « quand ce vote a été tenu il y a plus de dix ans, M. Scheer a voté comme plusieurs libéraux, notamment certains députés qui siègent actuellement au caucus et qui se présentent aux prochaines élections ».

Le chef « soutient le mariage entre personnes de même sexe tel que défini par la loi et il est clair qu’il va continuer à le faire comme premier ministre », a ajouté sa porte-parole, Virginie Bonneau.

Le Parti conservateur a revu en 2016 sa position traditionnelle sur cet enjeu.  Après un plaidoyer de la chef intérimaire de la formation, Rona Ambrose, les militants ont retiré du programme la définition présentant le mariage comme l’union entre un homme et une femme.

Alors que la saison des défilés de la Fierté bat toujours son plein à travers le Canada, Andrew Scheer continue à essuyer les critiques libérales — celles du premier ministre Justin Trudeau au premier chef — en raison de son refus d’y participer.

D’ailleurs, dans le gazouillis accompagnant la vidéo de 2005, le ministre Goodale met le chef de l’opposition au défi de se pointer à celui d’Ottawa, qui se tient dimanche. Au bureau de M. Scheer, on a confirmé que celui-ci n’y serait pas.

Des « préjugés répugnants »

Cet affront préélectoral des libéraux a inspiré au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, une vigoureuse réaction. « La réapparition des préjugés répugnants D’Andrew Scheer […] est très douloureuse pour beaucoup », a-t-il pesté.

Tant et si bien que « si les Canadiens décident de former un gouvernement minoritaire en octobre, je ne soutiendrai ni Andrew Scheer ni les conservateurs », a tranché le leader néo-démocrate par voie de communiqué.