Le Parti rhinocéros, dont la campagne a été lancée samedi dernier, célèbre ses 55 ans d’existence. Reconnu pour ses propositions farfelues et ses déclarations loufoques, le parti est plus pertinent que jamais, selon son chef Sébastien Corriveau.

Le Parti rhinocéros, dont la campagne a été lancée samedi dernier, célèbre ses 55 ans d’existence. Reconnu pour ses propositions farfelues et ses déclarations loufoques, le parti est plus pertinent que jamais, selon son chef Sébastien Corriveau.

« Nous sommes une réponse satirique au cynisme de la politique actuelle et un reflet des choses absurdes qui ont lieu dans l’arène politique », affirme Jacques Bélanger, candidat rhino dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun.

La raison d’être du parti, c’est d’attirer l’attention des gens qui ont délaissé la politique et ne participent plus au débat citoyen, selon lui.

Derrière les prises de position cocasses et incongrues du parti se cache une motivation sérieuse : celle de mettre en lumière les faux pas de la classe politique par le comique, a expliqué hier Sébastien Corriveau.

Le leader du parti souhaite également raviver l’intérêt d’une tranche de la population complètement désabusée par la politique. C’est avant tout une bataille contre le cynisme que M. Corriveau affirme mener. « Beaucoup de gens sont blasés. Si tout le monde se met à s’intéresser à la politique, j’ai gagné. »

Des promesses loufoques

L’ancien musicien avait 22 ans quand il a entrepris sa carrière politique au sein du parti. C’était en 2008, à Sherbrooke. Il a toujours été très politisé, dit-il. « J’ai toujours voulu que notre société tende vers une plus grande égalité. »

Avec une plateforme électorale qui propose de réduire la durée de l’hiver canadien ou encore de remplacer la glace noire par de la glace jaune néon pour prévenir les accidents de la route, l’organisation politique dit souligner l’absurdité des promesses électorales des partis plus sérieux et traditionnels.

La politique, au Canada et ailleurs dans le monde, ce sont des jeux de pouvoir, qui créent un environnement où les promesses ne sont pas toujours respectées.

Sébastien Corriveau, chef du Parti rhinocéros

Les revendications comiques du parti attirent l’attention des gens qui ne suivent pas la politique, insiste Sébastien Corriveau. Il veut aussi faire réfléchir les gens et les inciter à douter du bien-fondé des déclarations des partis politiques traditionnels. « À l’intérieur de notre parti, on a un groupe qu’on appelle les Douteux. C’est important de ne pas avoir de certitudes et de remettre en question les gestes politiques », dit-il.

M. Corriveau se considère comme un chien de garde de la démocratie canadienne. Présenter des promesses loufoques met en lumière l’absurdité des promesses non tenues des autres partis.

Par exemple, il critique la décision du Parti libéral du Canada de ne pas avoir changé le mode de scrutin, alors qu’il s’agissait d’une promesse électorale aux dernières élections. Le Parti rhinocéros, dit son chef, encourage la diversité des opinions. « Je trouve inconstitutionnel que le débat des chefs, payé par les fonds publics, n’inclue pas les 16 partis », déplore-t-il.

L’objectif de la plateforme blagueuse et du ton irrévérencieux du Parti rhino, c’est la dénonciation. « Plus la politique est cynique et ridicule, plus nous sommes pertinents », ajoute Jacques Bélanger.

Histoire du parti

Le Parti rhinocéros voit le jour en 1963. C’est l’initiative du Montréalais Jacques Ferron, médecin et écrivain, et d’un groupe d’humoristes.

C’est en 1979 que le parti est officiellement reconnu par Élections Canada.

En 1993, alors que la loi force à présent chaque candidat à verser une somme de 1000 $ pour figurer sur un bulletin de vote, le parti vit ses moments les plus durs.

Il a depuis repris son souffle.

Ainsi, 75 candidats rhinocéros à travers le pays ont présenté leur candidature aux élections de cet automne. « C’est la plus grosse équipe depuis la fin des années 80 », affirme Sébastien Corriveau, qui se présentera dans la circonscription de Québec contre son adversaire libéral Jean-Yves Duclos.