(QUÉBEC) Une sortie de l’aspirante chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Marwah Rizqy, sur le thème de l’éthique, à la veille du congrès de l’aile jeunesse, crée des remous au sein de la formation politique.

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias, la députée de Saint-Laurent propose la création d’une « direction de l’éthique et de la conformité » au sein du parti.

Cette nouvelle structure serait « une ressource pour tout militant ou tout employé […] qui aurait des doutes sur certaines pratiques, notamment sur le respect de la Loi électorale, le respect de la loi sur le lobbyisme, des questions ou une plainte pour harcèlement sexuel, la protection des données et respects à la vie privée, sexisme, racisme, dépendances, etc. », écrit Mme Rizqy.

« Nous devons nous livrer à un examen de conscience en acceptant d’abord et avant tout de reconnaître que notre parti a vieilli et que les façons de faire doivent changer, ajoute-t-elle. Nous savons que les façons de faire ne répondent plus aux aspirations de nos militants et, comme la nature humaine tend toujours à retourner aux vieilles habitudes, il faut doter le PLQ d’un rempart. »

Ces propos ont choqué à l’interne. Joints par La Presse, des députés ont fait savoir leur mécontentement. « Elle parle comme si on n’avait rien fait, mais ce n’est pas vrai ! On a tiré des leçons, et un travail a été fait » avec la création d’un code d’éthique en 2013, soutient l’un d’eux. On rappelle également que le parti a pris des mesures pour lutter contre le harcèlement et traiter les plaintes.

Malaise

Dès la matinée hier, le parti a envoyé des lignes de presse à tous les députés pour rappeler les différents gestes posés au cours des dernières années en matière d’éthique. Cette initiative a été remarquée et témoigne du malaise : on ne s’attend pas à ce que la formation produise des « lignes » chaque fois qu’un candidat soumet une proposition.

Dans une lettre envoyée à La Presse, la directrice générale Véronyque Tremblay soutient que, « depuis 2013, le Parti libéral du Québec a fait beaucoup en matière d’éthique ». « Nous sommes d’ailleurs le seul parti à l’Assemblée nationale à s’être doté d’un code d’éthique et de déontologie », affirme-t-elle. Elle ajoute qu’une enquête de sécurité d’une firme externe est réalisée sur tout candidat.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Véronyque Tremblay, directrice générale du Parti libéral du Québec

Il ne faut pas voir dans sa lettre une intervention dans la campagne à la direction, mais un rappel que l’éthique est « au cœur des préoccupations du parti », laisse-t-elle savoir. Elle rappelle son devoir de neutralité et précise que, « dans un contexte de course à la chefferie […], les employés permanents du parti ne commenteront pas les propositions présentées par la députée de Saint-Laurent ni de tout(e) autre possible ou éventuel(le) candidat(e) ».

À la veille du congrès des jeunes libéraux

À l’interne, on déplore que Marwah Rizqy ait fait sa sortie à la veille du congrès des jeunes libéraux, qui débutera aujourd’hui à Québec. « C’est comme la fois de sa lettre ouverte avant notre caucus au début de l’année », rappelle un élu. Elle s’était fait rappeler à l’ordre par le chef intérimaire, Pierre Arcand, pour avoir proposé que le parti s’excuse pour être allé « trop loin, trop rapidement pour revenir à l’équilibre budgétaire ».

En mai, Mme Rizqy avait dû présenter des excuses à ses collègues Dominique Anglade et Carlos Leitão. Sur la place publique, elle avait accusé la première de changer de position en matière de laïcité et avait reproché au second des mesures d’austérité.

Elle avait également heurté des collègues en déclarant qu’aux prochaines élections, « ce n’est pas vrai qu’on va se présenter devant les Québécois avec des pailles en bambou et une deuxième carte d’assurance maladie », deux promesses de la dernière campagne libérale.

Marwah Rizqy est en pleine précampagne à la direction et réitère son « intérêt sérieux » pour le poste de chef. Elle n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature, chose prévue plus tard cet automne. Sa collègue et ex-ministre Dominique Anglade s’est quant à elle déclarée candidate dès le début de l’été. La campagne à la direction sera lancée formellement le 23 novembre. Le nouveau chef sera élu au printemps.