(Ottawa) Justin Trudeau subit des pressions de la société civile pour informer les Canadiens, avant les élections d’octobre, sur la révision par son gouvernement d’un contrat militaire de plusieurs milliards de dollars conclu par une entreprise privée avec l’Arabie saoudite.

À la suite du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite en Turquie, les libéraux avaient décidé de revoir le permis d’exportation fédéral lié à ce contrat de 15 milliards, qui prévoit la vente de centaines de véhicules blindés légers au royaume.

Dans une lettre adressée cette semaine au premier ministre Trudeau, une douzaine d’organisations, dont Amnistie internationale Canada francophone et Oxfam Québec, plaident que la population canadienne a le droit de connaître le statut de cette révision, neuf mois après son annonce par le gouvernement.

Les organisations estiment que tout retard supplémentaire dans la révision ou dans la décision du gouvernement pourrait signifier que d’éventuelles mesures seraient prises trop tard — d’autant plus que le Canada a continué depuis à expédier des blindés légers en Arabie saoudite, dont 127 l’année dernière seulement.

Le gouvernement libéral a suspendu l’automne dernier tous les nouveaux permis d’exportation vers l’Arabie saoudite, sanctionné 17 ressortissants saoudiens et amorcé un réexamen des ventes d’armes dans ce pays. On disait craindre alors une enquête peu crédible sur l’assassinat du journaliste Khashoggi, le 2 octobre, et on dénonçait l’implication des Saoudiens dans la guerre civile au Yémen voisin.

Une porte-parole de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a déclaré qu’aucune décision finale n’avait été prise dans le cadre de l’examen en cours, mais qu’aucun nouveau permis d’exportation n’avait été délivré pour l’Arabie saoudite.