(Ottawa) Frôlant à peine les 2 % dans les intentions de vote, Maxime Bernier a choisi mercredi soir de cogner à nouveau sur le clou de l’immigration.

Le chef du Parti populaire du Canada (PPC) a livré un discours devant des partisans gonflés à bloc réunis à Mississauga, mercredi soir.

Il s’est engagé à diminuer le nombre d’immigrants acceptés chaque année au Canada à 100 000, ou 150 000 tout au plus, s’il prend le pouvoir le 21 octobre, une perspective peu probable selon les sondages.

Dans son discours, le chef du PPC a dit vouloir briser les tabous et débattre sans censure de l’immigration.

« Aussitôt qu’on soulève une inquiétude sur les niveaux d’immigration, quelqu’un nous accuse de propager des opinions anti-immigrantes et d’être raciste ou xénophobe », a-t-il déclaré d’entrée de jeu.

Maxime Bernier veut diminuer le nombre de réfugiés acceptés au Canada, construire une clôture pour bloquer le chemin Roxham et faire disparaître le programme qui permet la réunification avec les parents et les grands-parents d’immigrants.

« Nous ne pouvons pas être l’État providence de la planète », a-t-il lancé.

Il a dénoncé « l’immigration de masse » et « le multiculturalisme extrême », affirmant que ces politiques mèneront à des « conflits sociaux et potentiellement à la violence ».

Il a identifié « l’islamisme ou l’islam politique » comme menace à « nos valeurs et notre façon de vivre ».

M. Bernier a promis de soumettre chaque candidat à l’immigration à une entrevue « face à face » avec un fonctionnaire canadien pour juger des valeurs du candidat et de son acceptation des « normes de la société » canadienne. Une promesse qui rappelle le test des valeurs caquiste.

Il a dit vouloir ainsi « protéger les valeurs occidentales ».

Il a cité un de ses candidats en Ontario, Salim Mansur, qui écrit que le multiculturalisme officiel est un « mensonge ».

« Le plus grand vendeur de ce mensonge au Canada est bien sûr Justin Trudeau », a accusé M. Bernier. « Un mensonge basé sur l’idée que toutes les cultures se valent », a-t-il dénoncé.

M. Mansur, dont le Parti conservateur d’Andrew Scheer n’a pas voulu, était à Mississauga pour présenter son chef. Dans une entrevue accordée la semaine dernière et diffusée sur YouTube, le candidat de London-Centre-Nord a affirmé que le Canada devient « de plus en plus conforme à la charia ».

Pour boucler cette boucle, M. Bernier propose d’accepter comme réfugiés au Canada non pas les familles référées par les agences des Nations unies, mais plutôt les minorités religieuses « persécutées » dans « les pays à majorité musulmane » comme, « par exemple, les chrétiens, les yézidis […] les membres de la communauté Ahmadi ».

Par ailleurs, M. Bernier, dans un élan peut-être inspiré par Donald Trump, a, à quelques reprises, pris les journalistes pour cible dans son discours. « Les journalistes […] qui reviennent toujours avec des questions sur le sectarisme peuvent aller se faire voir ailleurs », a-t-il lancé.

Depuis qu’il a publié six gazouillis sur Twitter, en août dernier, dénonçant « le multiculturalisme extrême », M. Bernier dit qu’on l’accuse de racisme, « une accusation fausse et ridicule ».