(Winnipeg) Le gouvernement du Manitoba veut recruter des employés du secteur public québécois préoccupés par la Loi sur la laïcité de l’État, qui interdit les signes religieux dans l’exercice de certaines fonctions.

Alors même que la Cour supérieure du Québec rejetait, jeudi, la requête de groupes de défense des libertés civiles et religieuses, qui réclamaient la suspension de la loi, le premier ministre Brian Pallister indiquait que le Manitoba avait besoin de fonctionnaires bilingues.

M. Pallister a promis de s’adresser aux employés de l’État québécois pour les assurer que sa province n’avait pas, elle, de « police du vêtement ». Il a indiqué que des lettres seraient bientôt envoyées aux associations professionnelles du Québec ainsi qu’aux cégeps et autres institutions d’enseignement afin de recruter des Québécois.

La Loi sur la laïcité de l’État, adoptée en juin à l’Assemblée nationale, interdit aux employés de l’État en position d’autorité coercitive, comme les juges, les policiers et les gardiens de prison, de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions ; cette interdiction s’étend aussi aux enseignants du réseau public. Les opposants à la loi affirment qu’elle cible injustement les musulmanes, les sikhs et les autres minorités religieuses.

Le premier ministre Pallister, qui cherche à se faire réélire au Manitoba le 10 septembre, avait déjà affirmé son opposition à la loi québécoise lors de la rencontre estivale des premiers ministres des provinces et territoires, le 11 juillet. Le premier ministre François Legault a rappelé au Conseil de la fédération que la loi est appuyée par une majorité de Québécois et que son parti respectait une promesse électorale.

Jeudi, le juge Michel Yergeau, de la Cour supérieure du Québec, a déclaré que la loi continuerait de s’appliquer jusqu’à ce qu’un tribunal se prononce sur le fond de l’affaire.

En avril, le maire d’Edmundston, Cyrille Simard, invitait dans sa municipalité du nord-ouest du Nouveau-Brunswick les Québécois « qui pourraient rencontrer des obstacles » dans certaines catégories d’emplois. Alex LeBlanc, directeur général du Conseil multiculturel du Nouveau-Brunswick, rappelait alors que le Nouveau-Brunswick vivait notamment une pénurie d’enseignants francophones et bilingues qualifiés, et que de nombreux Québécois pourraient pourvoir ces postes.