(Ottawa) Jagmeet Singh estime que le Québec constitue toujours un « terreau fertile » pour le Nouveau Parti démocratique — même si, en privé, des militants s’inquiètent de l’état des choses, à trois mois du scrutin.

Dans une entrevue accordée depuis Sherbrooke, M. Singh a assuré qu’il n’était « pas préoccupé » par les chances du NPD au Québec. Il rappelle que Jack Layton bénéficiait d’appuis semblables dans les sondages avant les élections de 2011 — et l’historique « vague orange » qui a finalement englouti 80 % des comtés du Québec.

Lors de ce scrutin de 2011 — et après une performance remarquable de Jack Layton à l’émission « Tout le monde en parle » —, les néo-démocrates avaient fait élire au Québec 59 députés sur 75 ; les libéraux en faisaient élire sept, les conservateurs cinq et le Bloc québécois quatre. Aux élections suivantes, le NPD, sous la direction de Thomas Mulcair, a fait élire 16 députés.

« Je pense qu’il y a beaucoup d’appuis ici » au Québec, a déclaré M. Singh. « Nous recevons beaucoup d’amour. Nous avons 14 députés, alors il y a beaucoup de terrain à prendre. Nous avons beaucoup d’excellents candidats qui ont oeuvré dans leur communauté. »

Notons que le NPD compte en fait 15 députés au Québec, selon le site de la Chambre des communes.

M. Singh, qui était à Montréal lundi, s’est ensuite rendu à Sherbrooke mardi. Le NPD s’est engagé à relier ces deux villes par un train de passagers, dans le cadre d’un investissement dans les transports publics destiné à lutter contre les changements climatiques.

M. Singh a annoncé ce projet, qui créerait près de 400 « emplois de qualité » et réduirait les émissions de gaz à effet de serre de 10 000 tonnes, en compagnie du député néo-démocrate local. Pierre-Luc Dusseault, élu lors de la « vague orange » en 2011, est devenu le plus jeune député de l’histoire des Communes — il venait d’avoir 20 ans lorsqu’il a été assermenté.

Cette tournée estivale intervient alors que des députés néo-démocrates et des militants se demandent en secret si le parti pourra être compétitif lors des élections d’octobre, compte tenu de ses éternels défis en matière de collecte de fonds et considérant le moral des troupes, qui a déjà été meilleur.

M. Singh a soutenu mardi que le seul sondage d’opinion qui compte, c’est le scrutin du 21 octobre, et il se dit persuadé que les gens seront plus attentifs pendant la campagne électorale officielle cet automne.

Meilleure posture qu’en 2011 ?

Karl Bélanger, qui était secrétaire principal de Thomas Mulcair, convient que les leaders politiques ne devraient pas s’intéresser aux sondages et devraient se concentrer sur leur objectif central : diffuser le message du parti. Mais l’équipe autour de M. Singh, elle, doit se préoccuper des élections et se demander comment rallier plus d’appuis. Or, les défis ne manquent pas au Québec, estime M. Bélanger.

« C’est mathématique : si vous êtes cinquième dans les sondages, il sera difficile de remporter un grand nombre de sièges, dit-il. C’est pourquoi Jagmeet Singh et son équipe ont planifié cette tournée et se sont concentrés sur une région où ils peuvent bénéficier d’un soutien. »

M. Bélanger estime toutefois que le NPD est dans une bien meilleure posture, à bien des égards, que sous le regretté Jack Layton avant les élections de 2011. En élisant 16 néo-démocrates en 2015, les Québécois ont envoyé au caucus la plus importante délégation provinciale.

« En ce sens, il y a beaucoup de force là-dedans », a estimé M. Bélanger, soulignant que les députés sortants auront un défi de taille lors du prochain scrutin, mais ils auront l’avantage d’être députés — un atout que n’avait pas le NPD au Québec en 2011, à l’exception de M. Mulcair.