(Ottawa) Le chef conservateur Andrew Scheer presse les premiers ministres provinciaux et territoriaux d’étudier «très sérieusement» sa proposition de construire un corridor énergétique pancanadien quand ils se réuniront cette semaine.

Dans une lettre ouverte obtenue en français par La Presse canadienne, le chef de l’opposition vend sa salade aux premiers ministres réunis en Saskatchewan pour le Conseil de la fédération.

Il déplore, entre autres, «l’aliénation régionale» qui «s’intensifie» au pays en raison des politiques du premier ministre Justin Trudeau, comme la tarification du carbone.

Il s’en prend aussi à son plan «pour éliminer le secteur des ressources naturelles» en raison des controversés projets de loi C-69 et C-48.

Dans un discours en mai dernier, M. Scheer avait détaillé sa vision pour ce corridor, qui permettrait la construction de pipelines, de gazoducs et de lignes électriques d’est en ouest du pays. L’idée est évoquée depuis des décennies par des experts et des politiciens.

À son avis, ce corridor permettrait aux provinces de diriger les ressources naturelles vers de nouveaux marchés, de faire croître l’économie et de créer des emplois partout au pays.

Legault ne prend pas position

Si les premiers ministres Jason Kenney et Scott Moe, respectivement de l’Alberta et de la Saskatchewan, sont en faveur de ce corridor énergétique, le Québec se garde une petite gêne à l’aube des prochaines élections fédérales.

«Nous n’avons pas l’intention de commenter les différentes propositions faites par les partis fédéraux et nous ne prendrons pas position dans la prochaine campagne», a commenté Ewan Sauves, l’attaché de presse du premier ministre François Legault.

M. Legault a répété à de nombreuses reprises qu’il n’y a «pas d’acceptabilité sociale au Québec» pour la construction d’un nouveau pipeline sur son territoire qui transporterait du pétrole.

Le seul projet «concret» dans les livres, rappelle M. Sauves, est le gazoduc qui doit transporter du gaz naturel de l’Alberta jusqu’au Saguenay. Le tracé prévoit qu’il traversera quelque 700 kilomètres au Québec, en passant par l’Abitibi et le Lac-Saint-Jean.

«Il reste des étapes à franchir, mais il faut l’analyser très sérieusement», précise l’attaché de presse du premier ministre du Québec.

Du côté de l’équipe de M. Scheer, on précise qu’on est «ouverts à discuter» des modalités, mais que le corridor énergétique proposé permettrait au Québec de transporter son hydroélectricité, entre autres.

Le commerce interprovincial

Dans sa lettre ouverte, M. Scheer en a aussi profité pour réitérer son intention de convoquer une réunion des premiers ministres au cours des 100 premiers jours d’un gouvernement conservateur et proposer un nouvel accord de libre-échange entre provinces.

Il déplore le fait que les Canadiens perdent des «milliards» en échanges commerciaux en raison de «règles et de barrières obsolètes» qui empêchent la libre circulation au pays.

Le commerce interprovincial est l’un des sujets qui devraient être abordés lors de la rencontre des premiers ministres des provinces et territoires, qui se tiendra à Saskatoon jusqu’au 11 juillet.