Les souverainistes québécois ont fustigé Réjean Hébert, ancien ministre de la Santé et des Services sociaux du Parti québécois (PQ), après qu’il s’est lancé avec le Parti libéral du Canada (PLC) de manière officielle, hier matin.

Lorsqu’un politicien change de parti, les critiques ne se font pas attendre. Cela est encore plus vrai lorsqu’un indépendantiste convaincu de la trempe de Réjean Hébert retourne sa veste pour annoncer son allégeance au parti qui incarne le plus clairement le fédéralisme canadien.

Sylvain Gaudreault, député du Parti québécois à Jonquière, s’explique mal la transition de celui avec qui il dit avoir bâti une « belle relation d’amitié et de confiance ».

« C’est ironique de voir que M. Hébert fait son lancement au restaurant L’Incrédule, parce que ça me rend incrédule de voir un ancien ministre souverainiste, qui a fait la liste de tous les empiètements du fédéral dans le réseau de la santé au Québec à l’époque où il était ministre de la Santé, se lancer avec le PLC. De voir qu’il s’en va avec le parti le plus centralisateur, le plus fédéraliste, qui est dirigé par Justin Trudeau, ça me rend incrédule », a dit M. Gaudreault.

Jean-François Lisée s’est aussi exprimé sur son blogue, suggérant que l’épineuse question de la laïcité reviendrait hanter M. Hébert. « Devenu trudeauiste, Réjean Hébert devra avoir une opinion là-dessus. Il devra se renier, très clairement », a écrit l’ancien chef du PQ.

Le candidat du Bloc québécois dans Longueuil–Saint-Hubert, Denis Trudel, n’a pas semblé perturbé par une potentielle course face à l’ancien ministre péquiste.

« En vertu de quoi les libéraux pensent faire élire un souverainiste défroqué dans un bastion indépendantiste comme Longueuil ? a-t-il demandé. Les gens n’aiment pas les transfuges, les parachutés. »

Réjean Hébert est conscient des flèches qu’on lui envoie. Il a dit avoir discuté avec nombre d’anciens collègues. « C’est sûr que je ne m’attendais pas à ce qu’ils applaudissent ma décision. Je comprends leur réaction, mais ça ne m’empêche pas d’avancer », a-t-il dit.

Son ancienne chef, Pauline Marois, a aussi été mise au courant. « J’ai appelé Mme Marois. Je lui en ai parlé. Elle ne m’a pas encouragé, bien sûr, mais elle comprend les enjeux que je veux défendre. » M. Hébert croit que le PLC est le meilleur véhicule pour faire avancer un dossier qui lui tient à cœur : les soins à domicile pour les personnes âgées.

Si M. Hébert remporte l’investiture contre le conseiller municipal Éric Beaulieu, il s’opposera au député sortant du Nouveau Parti démocratique (NPD), Pierre Nantel, bien en selle depuis la vague orange de 2011. Cependant, la lutte de 2015 a été serrée : Pierre Nantel l’avait remportée avec une avance de 1 % sur son adversaire libéral.

M. Nantel, qui a lui-même déjà « soutenu le Bloc jusqu’en 2008 », a dit espérer que M. Hébert ne fera pas d’« à-plat-ventrisme » au sein du Parti libéral. M. Nantel a reproché à M. Hébert de ne pas connaître assez bien le terrain. « Le fait qu’il débarque ici sans connaître nos médias locaux, en se contentant des médias nationaux, c’est un faux pas », a-t-il dit en référence à la conférence de presse d’hier matin, où les médias locaux n’auraient pas été invités.

Les libéraux espèrent ravir Longueuil–Saint-Hubert au NPD, eux qui n’ont pas remporté d’élection dans cette circonscription depuis 1984.