(Québec) Les provinces pourraient faire front commun pour demander au gouvernement fédéral d’augmenter le nombre d’immigrants dits économiques, a annoncé François Legault contre toute attente, mercredi.

Il répondait à une question de La Presse canadienne au sujet de la prochaine rencontre du Conseil de la fédération, qui se tiendra à Saskatoon du 9 au 11 juillet.

Que souhaite-t-il accomplir lors de cette rencontre des premiers ministres ? « Un sujet qui m’intéresse beaucoup, c’est l’immigration », a-t-il déclaré sans hésitation.

Il a poursuivi en parlant du projet de loi 9, adopté sous bâillon par son gouvernement samedi dernier, un projet de loi « important », car il permettra au gouvernement du Québec de « mieux choisir les futurs immigrants », a-t-il dit.

La loi prévoit une réforme du processus de sélection des candidats, désormais axé sur les compétences professionnelles, pour mieux répondre aux besoins de main-d’œuvre du Québec. Elle inclut l’élimination de 18 000 dossiers de candidature déposés sous l’ancien système, basé sur le principe du premier arrivé premier servi. Ces dossiers étaient en attente de traitement.

M. Legault a rappelé qu’actuellement, 60 % des immigrants accueillis par le Québec proviennent de la catégorie économique, c’est-à-dire qu’ils sont travailleurs qualifiés, immigrants investisseurs, entrepreneurs et travailleurs autonomes.

40 % sont des ressortissants étrangers qui sont dans la catégorie non économique, principalement des réfugiés et des gens voulant rejoindre leur famille. Ils sont sélectionnés par le gouvernement fédéral.

Dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement Legault a annoncé qu’il fera passer de 52 000 à 40 000 les seuils d’immigration, mais il prévoit les rehausser dès l’an prochain pour revenir à plus de 50 000 en 2022. La part de l’immigration économique passerait de 58 %, en 2017, à 65 % en 2022.

En vertu d’une entente Ottawa-Québec, le Québec peut choisir ses immigrants économiques, mais aucune autre province ne jouit de ce privilège.

Selon M. Legault, les premiers ministres sont d’accord pour que le Canada augmente la proportion d’immigrants économiques. « J’ai commencé à discuter avec les premiers ministres des autres provinces, a-t-il déclaré en conférence de presse, mercredi. On aimerait augmenter le 60 % économique. Actuellement, il y a une pénurie de main-d’œuvre et on souhaite que la portion de l’immigration qui vient pour des raisons économiques soit augmentée en pourcentage. »

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a révélé, mercredi, que de tous les pays du monde, c’est le Canada qui a admis l’an dernier le plus grand nombre de réfugiés réinstallés.

Le rapport annuel sur les tendances mondiales du HCR montre que le Canada a accueilli 28 100 des 92 400 réfugiés réinstallés dans 25 pays en 2018, soit une part de 30 %.

Le rapport ajoute par ailleurs que plus de 18 000 réfugiés sont devenus citoyens canadiens l’année dernière, soit le deuxième taux le plus élevé dans le monde.