(Ottawa) Le Bloc québécois est tout à fait d’accord que la question de l’urne à l’élection fédérale devrait être l’environnement, mais estime que les troupes de Justin Trudeau ne sont pas crédibles à ce sujet.

Le premier ministre a déclaré devant des donateurs, lors d’une soirée de financement à Montréal lundi soir, que le Parti libéral misera sur l’environnement lors de la campagne électorale.

Lors de son bilan de fin de session, mardi, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a renchéri : il serait « irresponsable » que la question de l’urne ne soit pas l’environnement.

« Ça n’arrivera pas souvent que je sois d’accord avec M. Trudeau. Ça risque d’arrêter là », a ironisé M. Blanchet.

Mais les belles intentions des libéraux risquent d’être mises à rude épreuve avec l’approbation du projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain dans l’Ouest canadien, qui devrait avoir le feu vert d’Ottawa mardi.

« Ça confirme que le Canada est un État pétrolier dont l’économie est fondée sur le commerce du pétrole », critique le chef bloquiste.

De son côté, le Bloc espère faire la démonstration dans les prochains mois qu’il est « plus vert que le Parti vert ». Le parti d’Elizabeth May a été critiqué pour une position considérée ambiguë sur les hydrocarbures.

Lors de la campagne électorale, M. Blanchet ne compte pas miser sur la laïcité ou les enjeux d’identité, mais la « réalité va nous rattraper », dit-il. Il croit que « la laïcité va s’imposer d’elle-même » et qu’« il faudra en parler à tous les jours ».

En 2015, le parti indépendantiste alors dirigé par Gilles Duceppe avait diffusé une publicité sur le web dans laquelle une goutte de pétrole se transformait en niqab. La vidéo avait finalement été retirée au lendemain de l’attentat à la mosquée de Québec.

Un électrochoc « salutaire »

Après un mandat de quatre ans marqué par des guerres intestines, une scission, puis une réconciliation, M. Blanchet soutient que son équipe travaille maintenant dans « une assez parfaite harmonie ».

Il se dit plutôt confiant d’agrandir le caucus bloquiste, après l’« électrochoc » subi par les péquistes lors de l’élection québécoise.

« Les souverainistes sont dus pour des victoires et nous leur en proposons une. Pour l’instant, ça a l’air de bien se passer. Ça pourrait faire le plus grand bien à beaucoup de monde », estime le chef bloquiste.

Il ajoute même qu’un tel choc peut parfois être « salutaire », à l’instar du Bloc qui remonte la pente peu à peu depuis sa dégelée historique de 2011 où le parti avait perdu 43 de ses 47 sièges à la Chambre des communes.