(Québec) Le gouvernement Legault a confirmé jeudi qu’il pourrait prolonger la session parlementaire pour faire adopter les projets de loi sur la laïcité et sur l’immigration. Ce développement survient alors que l’opposition l’accuse de faire preuve d’« arrogance ».

François Legault a fait valoir que les parlementaires travaillent depuis déjà plusieurs semaines sur les pièces législatives controversées. Il tient à ce qu’elles soient avalisées par l’Assemblée nationale avant la pause estivale, qui doit normalement commencer le 14 juin.

« Faut-il siéger au mois de juillet ? Est-ce qu’il faut poursuivre tout le mois de juin ? Ce sont des choses qu’on va discuter avec l’opposition », a indiqué le premier ministre.

Le gouvernement a confirmé mercredi que les élus siégeront exceptionnellement lundi prochain. En temps normal, cette journée est consacrée au travail en circonscription des députés, même en session intensive.

Si ce temps supplémentaire ne permet pas de faire avancer l’étude des projets de loi, les caquistes sont prêts à siéger plus longtemps, a assuré M. Legault.

« Les députés de la CAQ tiennent à faire adopter ces deux projets de loi et ils sont prêts à faire ce qu’il faut », a-t-il dit.

« On essaie de faire notre travail »

Les libéraux estiment pour leur part qu’ils ne font pas d’obstruction dans le dossier de la laïcité et sur la réforme du système d’immigration. Le chef par intérim du parti, Pierre Arcand, estime que le ministre Simon Jolin-Barrette « manque de flexibilité ».  

« [Que le] gouvernement cesse cette arrogance. Nous, on essaie de faire notre travail […]. On fait des propositions, on essaie de trouver des solutions », a dit M. Arcand jeudi.  

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Pierre Arcand

Mercredi, le premier ministre Legault a reconnu qu’il « n’aime pas » l’idée d’imposer le « bâillon », une procédure parlementaire qui permet d’écourter le débat pour accélérer l’adoption d’un projet de loi.

Le projet de loi 9 réforme le système d’immigration pour mettre fin au principe du « premier arrivé, premier servi » pour prioriser les arrivants qui peuvent rapidement s’intégrer au marché du travail. Il est vivement contesté, car son entrée en vigueur aurait pour effet de jeter à la poubelle 18 000 dossiers déjà en traitement.

Le projet de loi 21 vise pour sa part à interdire le port des signes religieux par les fonctionnaires avec un pouvoir de coercition comme les juges, les policiers et les agents correctionnels. Il cible aussi les enseignants.

Les deux projets de loi sont défendus par le même ministre, Simon Jolin-Barrette, qui est également leader parlementaire de la CAQ.  Le ministre a affirmé que son objectif reste de travailler en collaboration avec les autres partis, même s’il a accusé les libéraux de faire du « niaisage » en commission parlementaire.

« Sur un projet de loi dans laquelle il y a des clauses dérogatoires, de nous demander en l’espace de deux semaines de faire ça rapidement, ça ne sera pas possible », a affirmé le chef libéral Pierre Arcand.  

Roberge, le « Gaétan Barrette 2.0 »

Mais il n’y a pas que le ministre Jolin-Barrette qui soit à couteaux tirés ces jours-ci avec l’opposition. Jeudi, le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a comparé le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, à une forme de « Gaétan Barrette 2.0 », ce qui ne se voulait pas un compliment.  

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Gabriel Nadeau-Dubois

« Le ministre de l’Éducation a perdu le sens des priorités. Son acharnement à réaliser la promesse pour laquelle le premier ministre a mis son siège en jeu, les maternelles 4 ans, fait en sorte qu’il s’aveugle aux autres problèmes du réseau de l’éducation », a-t-il dit.  

« C’est une attitude qui dit ‘’j’ai raison, tout le monde a tort’’[…]. Ce n’est pas le premier politicien québécois à avoir une vision comme celle-là. Jean-François Roberge, c’est le Gaétan Barrette 2.0 », a-t-il ajouté.  

« Je ne sais pas trop pourquoi M. Nadeau-Dubois a fait cette comparaison. J’ai une bonne relation avec Gabriel. On a nos cellulaires, on se ‘texte’ parfois à l’occasion », a répondu M. Roberge.  

Sur Twitter, Gaétan Barrette a ensuite partagé une chronique du Journal de Montréal qui dit que Catherine Dorion se comporte en adolescente, pour ajouter : « Faudrait poser cette question au petit Gabriel Nadeau-Dubois. »