Avec un faible taux d’inoccupation des logements locatifs au Québec, l’angoisse du 1er juillet se répand auprès des familles en quête d’un nouveau toit. Québec solidaire dit observer une hausse des appels à l’aide dans ses bureaux de circonscription. Il réclame désormais du gouvernement Legault des mesures concrètes. À La Presse, le parti présente son plan d’urgence, dévoilé cette semaine alors que les travaux parlementaires reprennent à Québec pour un dernier blitz avant la pause estivale.

À l’approche du 1er juillet, des locataires en quête d’un nouveau toit compétitionnent pour obtenir les appartements qui se libèrent. À Montréal, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) observe cette année des files d’attente pour visiter des logements locatifs. Mais l’organisme voit naître un nouveau phénomène, qu’il estime plus inquiétant : la mise aux enchères des loyers.

Par exemple, quand un logement est affiché à 800 $ par mois, des locataires qui aiment le quartier (et qui ont les moyens de le faire) offrent davantage au propriétaire. Cent dollars de plus que le prix demandé ? Qui dit mieux ?

Cette situation, dit le FRAPRU, est l’une des nombreuses conséquences de la « crise du logement » qui frappe les quartiers centraux de la métropole et d’autres centres urbains du Québec.

« Et cette hausse de loyer ne sera pas contestée par le locataire, l’ayant lui-même proposée. Cela a donc des conséquences importantes pour les prochains locataires, car les prix des loyers augmentent plus vite qu’ils ne le devraient. » — Véronique Laflamme, du FRAPRU

En octobre dernier, selon les plus récents chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le taux d’inoccupation général des logements locatifs à Montréal était de 1,9 %. Cette statistique est mise à jour une fois par année. Dans certains quartiers près du métro, comme dans Villeray, le nombre de logements disponibles tombe sous la barre du 1 %, rappelle le FRAPRU.

Des solutions à court terme

Québec solidaire souhaite que le gouvernement Legault adopte d’urgence des mesures concrètes pour venir en aide aux familles, dont certaines risquent de se « retrouver à la rue » le 1er juillet.

En entrevue avec La Presse, le député solidaire Andrés Fontecilla a détaillé un plan qu’il proposera à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest. Cette dernière sera d’ailleurs interpellée vendredi au Salon bleu dans le cadre d’une procédure parlementaire qui permet à un député de l’opposition de questionner un ministre sur un sujet qui touche ses responsabilités.

Ainsi, Québec solidaire voudrait que Québec mette en place une équipe ministérielle vouée à la « crise du logement » et instaure une ligne téléphonique d’urgence pour les locataires en situation de crise. QS souhaite également que le gouvernement ouvre des programmes d’aide d’urgence, notamment pour héberger les familles qui n’auraient pas trouvé un logement en date du 1er juillet ou pour entreposer leurs meubles, le temps qu’elles séjournent temporairement ailleurs.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Andrés Fontecilla, député solidaire de Laurier-Dorion

« On aurait dû se prendre d’avance, mais on est rendus là. Il faut des mesures d’urgence pour éviter [une plus grande crise]. » — Andrés Fontecilla, député solidaire de Laurier-Dorion

Le député solidaire demande aussi au gouvernement Legault d’augmenter le nombre d’unités du Programme de supplément au loyer (PSL), ainsi que le montant du supplément, selon le loyer médian par région. Ce programme permet aux ménages à faible revenu de payer un loyer équivalent à celui d’un HLM, explique-t-on sur le site internet de Services Québec.

« En général, nous sommes réticents à cette subvention aux logements privés, car c’est une subvention directe aux propriétaires, ce qui les incite à demander des loyers trop chers. Mais dans la situation actuelle, il y a urgence. On craint que, le 1er juillet, des familles se retrouvent à la rue », plaide M. Fontecilla.

Moins de logements abordables

Loubna El Abboudi, 41 ans, cherche depuis le mois de mars un nouveau logement avec son mari et leurs deux enfants. Après près de huit ans dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, ils sont attachés à leur quartier. Mais l’arrondissement n’est plus ce qu’il était et comme ailleurs dans la métropole, l’offre de logements abordables se fait rare.

« On n’a toujours pas trouvé de logement où déménager. Hochelaga, c’est devenu un quartier populaire. Pour un cinq et demi, ça dépasse désormais les 1200 $ par mois », raconte la dame qui travaille au service de garde d’une école du quartier et qui payait jusqu’à maintenant 730 $ mensuellement pour se loger.

Olaf Gundel, père de famille monoparentale de 43 ans, regrette pour sa part amèrement d’avoir résilié son bail dans le Vieux-Rosemont. Il doit désormais trouver d’urgence un nouveau logement où habiter avec son fils de 6 ans.

« C’est une folie absolument dingue. J’ai visité une quinzaine d’appartements, sans succès. Parfois, il y a des files de 20 personnes, avec une cinquantaine de propositions », explique celui qui est musicien et ingénieur de son au centre-ville.

À quelques jours de se retrouver sans logis, il réfléchit à louer un appartement avec une chambre à coucher, pour son fils. Il dormira pour sa part dans le salon.