(NEW YORK) Éric Martel, PDG d’Hydro-Québec, se rendra à New York dans les prochains jours pour y rencontrer les partenaires éventuels de la société d’État dans l’approvisionnement des infrastructures de la ville en hydroélectricité québécoise. L’objectif : en venir rapidement à une entente sur les modalités d’un contrat.

François Legault a fait l’annonce de cette mission hier, après sa rencontre avec Stephen Allen Schwarzman, PDG et cofondateur de la société d’investissement Blackstone, principal bailleur de fonds du projet de ligne de transmission Champlain Hudson Power Express (CHPE), qui acheminerait l’électricité québécoise jusqu’à New York.

« Je pense que les choses sont maintenant très claires », a déclaré le premier ministre québécois lors d’une conférence de presse tenue après l’annonce de l’ouverture à Montréal d’un centre d’affaires de l’entreprise new-yorkaise Collective[i].

« On s’est entendus qu’Éric Martel va rencontrer directement la Ville de New York et les gens de Blackstone au cours des prochains jours pour qu’on puisse partager l’information et en venir à une entente. Évidemment, il va y avoir une négociation sur le prix que va payer la Ville de New York. Ça va être l’addition du prix qui va être chargé par Hydro-Québec plus le prix qui va être chargé par ceux qui vont construire la ligne de transmission. » 

« À partir du moment où tout le monde veut aller de l’avant, je suis très optimiste qu’on va être capables d’en arriver à une entente rapidement. » — François Legault, premier ministre du Québec

Les choses étaient moins claires au début de la mission économique de François Legault, qui prendra fin aujourd’hui à Washington. Dimanche et lundi, le premier ministre s’était dit prêt à envisager la participation financière du gouvernement du Québec et d’Hydro-Québec à l’installation d’une ligne de transmission qui acheminerait l’hydroélectricité québécoise vers New York.

Un tel scénario pouvait être interprété comme une façon de faire pression sur Blackstone, et peut-être même de contourner cette société d’investissement qui compte dans son portfolio le promoteur du projet de la ligne CHPE, Transmission Developers Inc.

Mais Blackstone semblait être retournée hier dans les bonnes grâces de François Legault.

« Ce que j’ai compris de Blackstone, c’est qu’eux autres aussi sont impatients d’aller de l’avant », a déclaré le premier ministre caquiste. « Ils disent que ça fait huit ans qu’ils travaillent sur ce projet et que les permis sont déjà obtenus. Donc, ils souhaitent aller de l’avant. Ils m’ont offert aussi d’être très transparents. Ils ont déjà offert à Hydro-Québec de leur donner la liste des coûts de leur ligne de transmission. »

« Actuellement, tout prix [du kilowattheure] qui est au-dessus de zéro est avantageux », a encore dit François Legault. « Parce que, entre-temps, le Québec perd plusieurs centaines de millions de dollars d’électricité qui pourrait être vendue et utilisée par la Ville de New York. »

Dès le début de sa première mission économique américaine, François Legault n’avait pas caché que sa priorité consistait à concrétiser la vision exprimée par le maire de New York, Bill de Blasio, lors de l’annonce de son Green New Deal, le 21 avril dernier.

Même s’il n’a pas rencontré le nouveau candidat démocrate à la présidence, qui assistait lundi à la remise des diplômes de la promotion 2019 de Yale, dont fait partie son fils Dante, le chef du gouvernement québécois s’est dit « très content » de ses échanges avec le premier maire suppléant, Dean Fuleihan.

Des emplois bien rémunérés

François Legault a fait l’annonce de l’ouverture à Montréal d’un centre d’affaires de Collective[i] au siège de cette entreprise qui a mis sur pied un des plus grands réseaux de données intelligentes mettant l’intelligence artificielle au service du secteur des ventes. Il a souligné le travail d’Investissement Québec et de Montréal International pour attirer cette société en expansion qui créera une trentaine d’emplois dont le salaire annuel moyen s’élèvera à 130 000 $.

« Ça devient de plus en plus connu que Montréal est l’une des plus grandes concentrations d’experts et aussi d’étudiants dans le domaine de l’intelligence artificielle et des technologies de l’information. » — François Legault, premier ministre du Québec

Mais la présidente et cofondatrice de Collective[i], Heidi Messer, a eu besoin d’un certain temps avant d’en être convaincue.

« Après mûre réflexion, nous avons trouvé le bassin de talents de Montréal compétitif, diversifié et dynamique, a-t-elle dit. Au début, j’étais sceptique. Cependant, l’analyse de rentabilité était solide. »

Prochain arrêt : Washington 

François Legault a terminé le volet new-yorkais de sa mission économique dans les bureaux de Facebook à Manhattan, où il a rencontré le vice-président du réseau pour l’intelligence artificielle. Il avait entamé la journée en rencontrant des dirigeants de Citibank et par la suite cassé la croûte avec le vice-président de Morgan Stanley, un des grands investisseurs au Québec.

À Washington, François Legault aura des rencontres avec le PDG d’Alcoa, Roy Harvey, le sous-secrétaire à l’Énergie, Mark Menezes, l’influent sénateur républicain de l’Iowa Chuck Grassley, président de la commission des finances du Sénat, et sa collègue républicaine du Maine Susan Collins.

Il prononcera également une allocution au petit-déjeuner devant le Canadian American Business Council.