(New York) À la veille de sa première mission économique aux États-Unis, François Legault s’est dit ouvert à l’installation d’une deuxième ligne à haute tension pour acheminer les surplus d’électricité du Québec vers New York.

Le premier ministre du Québec rencontrera aujourd’hui des élus et responsables new-yorkais susceptibles de transformer en réalité la volonté exprimée le mois dernier par le maire de New York, Bill de Blasio, d’approvisionner l’ensemble des infrastructures de sa ville en hydroélectricité québécoise.

Et il s’entretiendra demain, toujours à New York, avec le PDG et cofondateur de Blackstone, Stephen Schwarzman, principal bailleur de fonds du projet de la ligne Champlain Hudson Power Express (CHPE), qui pourrait transporter jusqu’à huit térawattheures de surplus d’électricité québécoise vers la métropole américaine.

Son objectif : doubler le pourcentage d’énergie que le Québec fournit à l’État de New York.

« Il faut évidemment commencer à l’utiliser à pleine capacité, a déclaré François Legault en faisant référence à la CHPE. Mais je veux voir si c’est possible de l’augmenter. Et voir aussi avec des partenaires autres que Blackstone s’il n’y a pas moyen de développer un autre projet. Je n’exclus pas qu’Hydro-Québec et le gouvernement du Québec participent – s’il y a un contrat à long terme de signé – à la construction d’une ligne additionnelle. »

Le chef du gouvernement caquiste a évoqué ce scénario lors d’une mêlée de presse devant le Musée juif de New York, où il a visité hier après-midi l’exposition Leonard Cohen : A Crack in Everything en compagnie de sa femme, Isabelle Brais, et de John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du Musée d’art contemporain de Montréal.

Intelligence artificielle

En plus d’y faire la promotion de l’hydroélectricité québécoise, François Legault profitera de sa mission de deux jours à New York pour proposer des occasions d’affaires, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Il sera accompagné par le chercheur montréalais Yoshua Bengio, sommité dans le domaine.

« Ce que je vais essayer de dire aux entreprises, c’est qu’on veut dans les prochaines années faire un rattrapage au Québec en faisant exploser les investissements privés et en créant des emplois à plus de 50 000 $ par année. Donc, s’ils pensaient investir dans les prochaines années, c’est le moment. Les incitatifs financiers vont être meilleurs que jamais », a-t-il dit.

Après New York, le premier ministre prendra la route de Washington, où il rencontrera notamment le secrétaire de l’Énergie, Rick Perry. Il est bien conscient de l’attachement de l’administration Trump aux énergies fossiles, mais il croit pouvoir intéresser le Texan au potentiel hydroélectrique du Québec. Il s’agit, bien sûr, d’un travail de longue haleine.

« On a quand même du travail à faire pour expliquer qu’on a une énergie compétitive côté prix. » — François Legault

François Legault n’aura pas à dénoncer à Washington l’imposition des tarifs américains sur l’acier et l’aluminium canadiens, comme il avait l’intention de le faire avant la conclusion d’une entente pour les faire lever. Il mettra plutôt l’accent sur le libre-échange, et plus particulièrement sur la nécessité de convaincre le Congrès d’entériner le plus rapidement possible le nouvel Accord Canada–États-Unis–Mexique.

« On sait qu’il y a une élection qui s’en vient en 2020 aux États-Unis. Faudrait pas que la ratification soit retardée à cause de l’élection. On sait que les démocrates demandent certains changements », a-t-il dit.

Une journée chargée

François Legault a une journée chargée. Après une rencontre avec le directeur d’Avaio, John Malone, il s’entretiendra avec la lieutenante-gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, en présence du président de la New York State Research and Development Authority, Richard Kaufman.

Il prendra ensuite la parole, sur l’heure du midi, devant la Foreign Policy Association, avant de participer à une table ronde au 4 World Trade Center avec la direction de l’Autorité portuaire de New York et des entreprises québécoises. Sa journée prendra fin sur une rencontre avec le premier maire suppléant de New York, Dean Fuleihan.

François Legault ne semble pas considérer l’entrée de Bill de Blasio dans la course à la Maison-Blanche comme un obstacle à la réalisation de son Green New Deal, qui passe en partie par l’hydroélectricité québécoise.

« C’est sûr que la prochaine année va être chargée pour lui, mais son indication était claire. Et puis, il y a comme un fit extraordinaire entre le fait qu’on a des surplus et qu’eux autres veulent avoir de l’énergie renouvelable. C’est comme une entente très probable », a prédit le premier ministre du Québec.