(St. John’s) Les citoyens de Terre-Neuve-et-Labrador se sont réveillés dans l’incertitude, vendredi matin, avec l’élection du premier gouvernement minoritaire en près de 50 ans dans la province, mais les premières indications laissent croire que les libéraux sortants pourraient arriver à s’accrocher au pouvoir.

Au terme du dépouillement des bulletins, jeudi soir, les libéraux du premier ministre sortant Dwight Ball ont conservé 20 des 40 sièges de l’Assemblée législative, alors que les conservateurs de Ches Crosbie en ont arraché 15. Les néo-démocrates ont récolté trois sièges, et deux députés indépendants ont été élus.

Sur le plan du partage des votes, les libéraux sont arrivés en tête à 43,9 % des suffrages exprimés. Les conservateurs les talonnent à 42,6 %.

M. Crosbie a laissé entendre jeudi qu’il tenterait de renverser le gouvernement, mais vendredi, des politiciens qui ne sont pas dans le camp des conservateurs ou des libéraux ont dit à La Presse canadienne qu’ils souhaitaient éviter un autre scrutin.

Selon la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alison Coffin, si d’autres élections avaient lieu d’ici la fin de l’année, ce serait « destructeur » et cela ralentirait inutilement l’économie.

En entrevue, elle a affirmé qu’il faudrait d’abord « accomplir beaucoup de travail ».

« Peut-être que les élections arriveront plus tôt, mais pas nécessairement dans un an », a-t-elle indiqué.

Au moins un des députés indépendants a aussi ouvert la porte à travailler avec les libéraux.

Dans son discours de victoire à Corner Book, M. Ball a évoqué la nécessité d’une collaboration entre les partis à l’Assemblée législative, tout en critiquant ensuite M. Crosbie pour avoir mené « une campagne très sale ».

Le chef conservateur refuse de concéder

De l’autre côté de l’île, dans la région de St. John’s, M. Crosbie a refusé de concéder la victoire aux libéraux et a prédit que le gouvernement libéral ne survivrait pas une année. Le chef conservateur a parlé d’une « situation d’instabilité constitutionnelle » et s’est engagé à contacter ses collègues indépendants et néo-démocrates dans les prochains jours.

« Ils auront de la difficulté dans les prochains mois et années pour s’accrocher au pouvoir », a-t-il prévenu.

M. Crosbie devait s’adresser aux médias vendredi, mais son point de presse a été reporté à vendredi prochain. Il ne manque qu’un seul siège aux libéraux pour détenir la majorité parlementaire, et les partis d’opposition n’ont pas assez de députés pour renverser le gouvernement.

Le NPD prêt à travailler avec les libéraux

Ne comptant aucun député sortant et ne proposant des candidats que dans 14 circonscriptions, le NPD a tout de même réussi à obtenir trois sièges, dont un pour la chef de parti. Le NPD a récolté 6,3 % des suffrages. Dans son discours, jeudi soir, Mme Coffin a félicité le chef libéral pour sa « bonne campagne », mais elle lui a aussi dit qu’il avait trouvé en elle une « adversaire formidable ».

En entrevue, vendredi, Mme Coffin a affirmé qu’elle était ouverte à travailler avec les libéraux sur certains enjeux.

« Si un gouvernement minoritaire est vraiment intéressé à un vrai débat et à régler les problèmes qui existent au lieu de mettre des pansements dessus, et qu’il est ouvert à parler, alors je crois qu’on a de réelles chances d’accomplir beaucoup de travail », a-t-elle indiqué.

Mme Coffin n’avait pas discuté avec MM. Crosbie et Ball vendredi. Elle s’attend à ce que les pourparlers commencent la semaine prochaine.