(Montréal et Québec) Le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, a demandé jeudi matin à son ministère « de revoir ses processus » de manière à être informé jour après jour des violations des limites de poids commises par des camionneurs sur des ponts ou viaducs où les charges sont réduites, en raison de leur mauvais état.

« La sécurité de nos infrastructures, c’est une priorité absolue. On ne veut surtout pas revoir une situation comme le viaduc de la Concorde », a dit le ministre en point de presse jeudi matin, en rappelant l’effondrement de ce pont d’étagement qui avait fait cinq morts et six blessés, en 2006, à Laval.

M. Bonnardel semble ainsi donner raison au syndicat des ingénieurs du gouvernement du Québec qui dénonçait dans La Presse, jeudi, l’absence de surveillance active de ces ponts fragilisés, et le fait que les camions pris en flagrant délit de dépassements des charges par le Contrôle routier du Québec ne fassent l’objet d’aucun signalement aux ingénieurs du MTQ, responsables de la sécurité de ces structures.

« La problématique est là, a dit le ministre Bonnardel. Nécessairement, il y en a qui violent ces limitations des charges. Dans ces conditions, vous comprendrez qu’on suit la situation de près. On fonctionnait présentement au cas par cas, et pour moi, ce n’est pas acceptable. Il faut qu’on soit capable d’avoir des informations adéquates, quotidiennes, sur le nombre de camionneurs qui violent ces limites, et qu’on puisse avoir un portait exact partout au Québec. »

En conséquence, le ministre demande au MTQ « de revoir nos processus, nos façons de faire pour qu’on ait des informations jour après jour, s’il y a des violations de ces limites de charge par les camionneurs. Il est important que le Ministère travaille en étroite collaboration avec les contrôleurs routiers et la SAAQ pour obtenir ces informations, parce qu’il faut sécuriser notre réseau ».

Selon des données du MTQ, il y aurait 70 ponts sur le réseau routier supérieur de la province où les charges maximums admissibles ont été réduites en raison de dommages ou de faiblesse d’un ou plusieurs éléments de structures. Lundi, La Presse citait le témoignage d’un constable du Contrôle routier du Québec ayant intercepté un camion pesant 55 tonnes, après qu’il ait traversé un pont de Sherbrooke, où le poids maximum sécuritaire était fixé à 10 tonnes par le MTQ.

Jeudi, c’est l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement qui demande à Québec de mettre en place un mécanisme automatique de signalement, en affirmant que l’absence de communications entre le Contrôle routier et le MTQ était la « recette gagnante pour un effondrement de viaduc ».

Le ministre Bonnardel ferme toutefois la porte à une augmentation d’effectifs au Contrôle routier. Ce service dédié à la surveillance des camions de marchandises, qui relève de la Société de l’assurance automobile du Québec, compte présentement 290 constables et officiers et devrait bénéficier de ses pleins effectifs planifiés, soit 304 personnes, d’ici la fin de l’année.