(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau a exprimé jeudi sa déception face à la promulgation, par l’État de l’Alabama, de la loi la plus restrictive en matière d’avortement aux États-Unis.

« Nous regrettons profondément qu’il y ait encore des endroits dans le monde, y compris chez nos voisins américains, où ils sont en train de reculer dans la défense des droits des femmes », a-t-il commenté en point de presse à Paris.

« Pour notre gouvernement, on devrait toujours défendre les droits des femmes, protéger le droit des femmes de choisir pour elles-mêmes. […] On va continuer d’être une voix forte […] dans le monde », a soutenu Justin Trudeau.

Le premier ministre canadien, qui s’est autoproclamé féministe, a conclu sa remarque en mentionnant qu’il « y a du travail qui reste à faire » en matière de défense des droits des femmes.

Il était invité à réagir à la ratification, par la gouverneure Kay Ivey, d’un texte de loi qui interdit la quasi-totalité des interruptions volontaires de grossesse, même en cas d’inceste ou de viol dans cet État conservateur du sud du pays.

Le texte prévoit également une peine de 10 à 99 ans de prison pour les médecins qui pratiqueraient un avortement, sauf en cas d’urgence vitale pour la mère ou d’« anomalie létale » du fœtus.

Dans l’opposition démocrate, on a largement condamné une atteinte à l’arrêt Roe v. Wade, qui a légalisé l’avortement en 1973 à travers le pays. L’objectif avoué du camp républicain est de faire monter le dossier à la Cour suprême pour faire casser cet arrêt.

La droite religieuse veut profiter du fait que le président Donald Trump a nommé deux juges opposés à l’avortement pour tenter de remporter une victoire au plus haut tribunal du pays

Prétexte de collecte de fonds

Quelques heures après que le premier ministre eut fait état de son sentiment du côté de Paris, le Parti libéral a repris la balle au bond en faisant parvenir un courriel de collecte de fonds pour attaquer le bilan conservateur en matière de droit à l’avortement.

On y note qu’il est « alarmant que 12 députés conservateurs, dont 11 hommes et la porte-parole en matière de condition féminine aient participé la semaine dernière […] à un rassemblement pro-vie qui s’est déroulé sur la colline du Parlement ».

Et « [le chef conservateur] Andrew Scheer avait lui-même déjà participé à ce rassemblement auparavant », poursuit-on avant de fournir la liste des 13 députés, avec le nom de leur circonscription, qui étaient de l’édition 2019 de la « Marche pour la vie ».

« À cinq mois de l’élection, nous devons […] envoyer un message aux conservateurs qui veulent entraver les droits des femmes et poursuivre notre travail commun pour offrir un avenir meilleur à l’ensemble de la population canadienne », est-il écrit.