Chaque samedi, nos correspondants parlementaires de Québec et d’Ottawa nous livrent un coup d’œil décontracté sur l’actualité de la dernière semaine.

Le gazon du Parti vert

Le Parti vert a causé une certaine surprise cette semaine en remportant haut la main la victoire lors de l’élection partielle dans la circonscription de Nanaimo-Ladysmith, en Colombie-Britannique, lundi soir. Le candidat du Parti vert, Paul Manly, a récolté 37,3 % des suffrages, loin devant tous ses adversaires. La candidate du Parti libéral n’a obtenu que 11 %. Évidemment, la chef du Parti vert, Elizabeth May, a prédit que cela était le début d’une vague au pays. La prudence est de mise. Une élection partielle est bien différente des élections générales. Mais il est vrai que le gazon commence à verdir pour le Parti vert un peu partout au Canada.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Maxime Bernier, chef du Parti populaire

Parlons menstruations

La ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail, Patty Hajdu, voulait lever le tabou sur les menstruations en proposant l’idée de forcer les employeurs de compétence fédérale à fournir gratuitement des produits menstruels. À ce chapitre, elle peut dire « mission accomplie ». Car tant aux Communes que dans les couloirs du parlement, la question a été abondamment discutée cette semaine. Mais c’est sur Twitter que les échanges ont été les plus crus, gracieuseté du chef du Parti populaire, Maxime Bernier, qui s’en est pris directement à la ministre Mélanie Joly. « Je me fous totalement de votre hygiène personnelle », a écrit le Beauceron, l’accusant de « vouloir acheter des votes avec des tampons ». La ministre a semblé vouloir clore le sujet. « Franchement, Max, on s’attend à mieux, même de toi », a-t-elle écrit.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants

Combien déjà ?

La question est simple. La réponse ? Pas évidente, semble-t-il. Combien de résidences pour personnes âgées ne sont pas munies de gicleurs, un peu plus de cinq ans après la tragédie de L’Isle-Verte ? Mille trois cents, a répondu la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais. Son cabinet a affirmé que le ministère de la Santé et des Services sociaux avait validé cette réponse. Or, le Regroupement québécois des résidences pour aînés juge cette estimation erronée. La firme privée à qui elle a demandé de faire un état de situation parle plutôt de… 847 résidences. Alors, qui dit vrai ? La Presse a trouvé une réponse intéressante enfouie parmi des centaines de pages de documents déposés récemment à l’Assemblée nationale. « Au 31 mars 2019, il y a 1791 résidences privées pour aînés. Parmi celles-ci, 969 (54 %) sont munies de gicleurs », dont 170 partiellement, peut-on y lire. C’est donc dire que 822 n’en ont pas du tout. De qui vient cette information ? Du ministère de la Santé et des Services sociaux ! On nous a promis de faire la lumière sur cette apparente contradiction…

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Christian Dubé, président du Conseil du trésor

Jongler avec les chiffres

Il y a encore quelque chose qui cloche dans les calculs du gouvernement au sujet de la maternelle 4 ans, a relevé la députée péquiste Véronique Hivon. Québec veut ouvrir 3000 classes supplémentaires de maternelle 4 ans d’ici 2023. Le gouvernement a indiqué que construire une classe coûtait en moyenne 800 000 $ (six fois plus que ce qu’il prévoyait en campagne). Et il a souligné que 700 locaux vides étaient disponibles dans le réseau. Le gouvernement a-t-il raison de dire que le coût pour construire des classes sera de près de 900 millions ? « Monsieur le Président, je vous invite à faire le calcul », a affirmé Mme Hivon. « Trois mille classes, moins sept cents déjà disponibles, on en est à un besoin de construire deux mille trois cents classes. À 800 000 $ chacune, [on arrive à] 1,8 milliard de dollars ! » Et non pas 900 millions… « Coudon, est-ce que plus il y a de comptables dans un gouvernement, moins on sait compter ? », a lancé l’élue péquiste, réclamant d’avoir l’heure juste sur la facture. Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a offert une réponse pour le moins étonnante : « Je pourrais vous dire qu’il y a plus qu’un comptable effectivement [au gouvernement], puis il pourrait y avoir plus qu’une réponse. » Ouf.

Une bonne tarte pour briser la glace ?

Les consultations sur le projet de loi sur la laïcité nous réservent parfois des surprises. Comme lorsque le chef du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, n’a eu aucune question pour le philosophe Charles Taylor, cette semaine. Ou bien lorsque Sol Zanetti a fait saliver tout le monde avec sa « bonne recette de tarte à la pistache et au chocolat blanc ». Peut-être que le député solidaire pourrait la faire pour que le PQ et M. Taylor – entre qui le courant ne passe plus – puissent s’asseoir à la même table et, surtout, briser la glace.