(Ottawa) Un puissant sénateur des États-Unis et allié de Donald Trump déplore que la Chine détienne des Canadiens dans des conditions misérables, et prévient que les élus américains ne cesseront pas de soulever cette question jusqu’à ce qu’ils soient libérés.

Cet appui sans réserve des Américains survient alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a atteint un nouveau sommet, vendredi, avec l’administration Trump qui a imposé des tarifs douaniers de 200 milliards sur les importations chinoises.

Plus tôt cette semaine, le sénateur de l’Idaho James Risch a présenté une motion au Sénat en soutien au Canada, qui a arrêté la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou en décembre à la demande des États-Unis. La motion a reçu un rare soutien unanime des sénateurs.

Le président du Comité des affaires étrangères du Sénat a dit à La Presse canadienne que les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor étaient moins bien traités que Mme Meng, qui est libérée sous caution à Vancouver.

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Meng Wanzhou

MM. Kovrig et Spavor ont été arrêtés en Chine neuf jours après l’arrestation de Mme Meng, sous prétexte qu’ils auraient violé la sécurité nationale du pays.

James Risch a été contrarié par les propos du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a demandé au Canada de libérer Mme Meng pour qu’elle revienne «saine et sauve» dans son pays.

«Mme Meng vit chez elle et a un accès complet à un système judiciaire fonctionnel qui traite son dossier. Les citoyens canadiens sont détenus dans des conditions rigoureuses, sans accès à des avocats ou à des représentants consulaires», a-t-il indiqué dans une réponse écrite à des questions.

«Le Canada a donné accès à Mme Meng à un avocat de son choix et à d’autres droits que tout le monde devrait avoir, selon nous […] Ce sont ces droits que le gouvernement chinois refuse à ses propres citoyens», a-t-il ajouté.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a rencontré le comité de M. Risch en privé plus tôt cet hiver pour solliciter l’appui des alliés du Canada dans son litige avec la Chine.

«La ministre Freeland, a abordé la question avec moi et j’estimais qu’il était important de mener une initiative pour montrer le soutien du Sénat aux démarches du Canada en réponse à la demande des États-Unis», a-t-il écrit.

«Je crois qu’il est important de soutenir nos alliés et amis, et le Canada est l’un de nos plus forts.»

Guerre commerciale avec la Chine

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Michael Kovrig et Michael Spavor.

Les commentaires de M. Risch ont coïncidé avec l’appel téléphonique de jeudi entre le premier ministre Justin Trudeau et le président Trump, dans lequel ils ont discuté des efforts en cours pour obtenir la libération de MM. Kovrig et Spavor.

Lors de cette conversation, Justin Trudeau a également continué à réclamer la suppression des tarifs controversés de l’administration Trump sur l’acier et l’aluminium canadiens, qui restent en place même si les deux pays ont négocié avec succès un nouvel accord de libre-échange nord-américain avec le Mexique.

MM. Trump et Trudeau ont discuté des progrès accomplis en vue de la ratification du nouveau pacte commercial — un processus qui semble bloqué sur tous les fronts au moment où le président est préoccupé par sa guerre commerciale avec la Chine.

Le premier ministre Trudeau a pour sa part appuyé les États-Unis vendredi, affirmant que la décision de Pékin d’interdire les exportations canadiennes de canola était liée à la guerre commerciale américaine.

Le canola canadien est «irréprochable en termes de qualité» et la Chine utilise ces inquiétudes «comme une excuse pour prolonger ce qui est fondamentalement un conflit, pas même avec le Canada, mais entre les deux plus grandes économies du monde», a soutenu M. Trudeau de passage à Edmonton.

Le premier ministre a déclaré que le Canada continuerait de discuter avec la Chine pour «faire baisser la température», tout en essayant de faire libérer les Canadiens détenus.