(Ottawa) La sénatrice Lynn Beyak s’est présentée comme une défenseure de la liberté d’expression et une victime de la rectitude politique, jeudi, quelques instants avant que ses collègues ne décident de la suspendre sans salaire pour avoir refusé de retirer de son site internet des lettres désobligeantes sur les peuples autochtones.

La suspension est en vigueur seulement pour le reste de la session parlementaire ; elle pourra reprendre ses fonctions lorsqu’une nouvelle session commencera après les élections fédérales du mois d’octobre.

Toutefois, si Mme Beyak continue de refuser de se conformer aux recommandations du comité d’éthique du Sénat, la chambre haute pourrait envisager de sévir à nouveau contre elle.

Dans un rapport publié le mois dernier, le comité avait recommandé que la sénatrice soit suspendue et qu’elle suive, à ses propres frais, des « programmes éducatifs liés au racisme » contre les Autochtones. Le comité avait également suggéré qu’elle s’excuse par écrit au Sénat et qu’elle enlève les lettres offensantes de son site internet.

Dans un discours livré quelques minutes avant le vote sur le rapport du comité, la sénatrice, visiblement émue, a tenté de convaincre au moins un de ses collègues de reporter les procédures, afin que les sénateurs réexaminent l’affaire. Personne ne s’est levé et un vote s’est tenu par la suite.

Lynn Beyak, qui avait été nommée au Sénat en 2013 par l’ancien premier ministre Stephen Harper, a été exclue du caucus conservateur l’an dernier en raison de ces fameuses lettres.

Et dans son discours, loin de reculer, Mme Beyak a martelé que les lettres n’étaient pas racistes. Elle a dit que son seul péché avait été de refuser de censurer des Canadiens.

« C’est un jour important. Soit les sénateurs sont libres de parler sans crainte de représailles, ou soit on ne l’est pas », a-t-elle soutenu.

« La seule conduite ou action condamnée est mon refus de censurer les Canadiens et d’interrompre le débat sur des questions délicates sur lesquelles les Canadiens ont exprimé diverses opinions. »

Les lettres avaient été partagées à la suite d’un discours de Mme Beyak prononcé en 2018, dans lequel elle disait que les pensionnats autochtones avaient eu des effets positifs dans la vie des enfants autochtones. Plusieurs de ces enfants ont subi des sévices sexuels et physiques ou sont morts de maladies et de malnutrition.