(Ottawa) Alors que les sondages placent sa formation politique en tête dans les intentions de vote à quelque cinq mois du scrutin fédéral, le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, compte dévoiler certains pans de son programme électoral au cours du prochain mois en prononçant cinq discours importants.

L’objectif de ces discours qu’il prononcera dans les grandes villes du pays, à commencer par Montréal demain, vise à répondre à une question cruciale : que feraient Andrew Scheer et ses troupes conservatrices au sujet des grands enjeux politiques auxquels le Canada est confronté si les électeurs leur confiaient les commandes du pays le 21 octobre ?

Les stratèges conservateurs ont appelé cette série de cinq discours du chef conservateur « Ma vision pour le Canada ». La politique étrangère et la défense est d’ailleurs le thème qui a été retenu pour le premier discours du chef conservateur, demain à Montréal devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

M. Scheer compte prononcer ensuite un discours sur l’économie et les finances publiques – un thème cher aux conservateurs depuis que les libéraux de Justin Trudeau sont au pouvoir et qu’ils ont jeté aux orties la promesse de limiter à 10 milliards de dollars les déficits annuels ainsi que celle de rétablir l’équilibre budgétaire avant la fin d’un premier mandat.

L’immigration est aussi un sujet incontournable sur lequel M. Scheer entend mettre de la chair autour de l’os du programme conservateur.

L’immigration demeure un sujet d’actualité en raison du nombre important de migrants qui ont traversé la frontière canado-américaine de façon irrégulière au cours des deux dernières années, et à cause de la volonté du gouvernement caquiste de François Legault de réduire le nombre d’immigrants qui s’installent au Québec dès cette année. Les gens d’affaires craignent une telle mesure, qui pourrait accentuer la pénurie de main-d’œuvre qui frappe plusieurs régions du Québec.

Le quatrième discours que compte prononcer Andrew Scheer portera sur la confédération et les relations intergouvernementales – également un sujet de l’heure en raison des vives tensions qui existent entre Ottawa et plusieurs provinces, notamment sur la question de l’imposition d’une taxe fédérale sur le carbone, contestée par la Saskatchewan, l’Ontario, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et maintenant l’Alberta.

Enfin, M. Scheer, qui s’oppose aussi à la décision du gouvernement Trudeau d’imposer une taxe sur le carbone dans le cadre de son plan pour contrer les changements climatiques, tentera de faire taire les critiques qui soutiennent que le Parti conservateur se soucie peu de l’environnement en prononçant un discours sur ce sujet au Québec. L’environnement et la lutte contre les changements climatiques s’imposent déjà comme un enjeu dominant de la prochaine campagne électorale.

Le premier ministre Justin Trudeau ne cesse de vilipender les conservateurs aux Communes parce qu’ils n’ont pas encore précisé leur plan pour lutter contre les changements climatiques.

Les conservateurs au sommet

Depuis l’éclatement de l’affaire SNC-Lavalin, en février, le Parti conservateur a réussi à déloger les libéraux de Justin Trudeau en tête des intentions de vote au pays. Les troupes d’Andrew Scheer ont réussi à se maintenir au sommet bien que cette controverse ait commencé à s’estomper au cours des dernières semaines.

Un coup de sonde mené auprès de 1342 répondants par la firme Angus Reid Institute et publié la semaine dernière donne une avance de 13 points de pourcentage au Parti conservateur.

Si des élections avaient lieu aujourd’hui, les conservateurs obtiendraient donc 38 % des voix, contre 25 % au Parti libéral et 18 % au Nouveau Parti démocratique (NPD).

Le Parti vert arrive au quatrième rang avec 11 %, tandis que le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier est loin derrière, avec seulement 3 %. Une telle avance du Parti conservateur serait suffisante pour le propulser au pouvoir avec un gouvernement majoritaire.

Aujourd’hui, les différents partis politiques auront l’occasion de mesurer leurs appuis pour la dernière fois auprès des électeurs avant le scrutin fédéral d’octobre, alors qu’une élection partielle doit avoir lieu dans la circonscription de Nanaimo-Ladysmith, en Colombie-Britannique. Cette circonscription appartenait au NPD, mais elle est devenue vacante l’automne dernier après que la députée Sheila Malcolmson a fait le saut sur la scène provinciale avec le gouvernement néo-démocrate de John Horgan.

Le Parti vert d’Elizabeth May met les bouchées doubles dans cette circonscription dans l’espoir de la ravir au NPD, souhaitant profiter du vent favorable dans certaines provinces qui a permis au Parti vert de former l’opposition officielle pour la première fois de son histoire à l’Île-du-Prince-Édouard le mois dernier.