Chaque samedi, nos correspondants parlementaires de Québec et d’Ottawa nous livrent un coup d’œil décontracté sur l’actualité de la dernière semaine.

Super timing

Un problème important est survenu à l’Assemblée nationale, jeudi après-midi. Toutes les toilettes du campus parlementaire ont été fermées pendant près de trois heures en raison d’un problème de plomberie. Le moment n’aurait pas pu être plus mal choisi : on se trouvait en pleine étude des crédits de quatre ministères. Cet exercice mobilise chaque printemps des dizaines de ministres, sous-ministres et autres hauts fonctionnaires en commission parlementaire. Seuls les cabinets du restaurant Le Parlementaire sont restés ouverts pour les députés, employés politiques et fonctionnaires. Certains ont dû trouver la reddition de comptes annuelle un peu plus longue qu’à l’habitude.

Nounou pour aînés

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés

Bisbille mémorable entre la libérale Monique Sauvé et la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais. Le tout a commencé quand Mme Sauvé a relevé que certaines subventions ne sont pas versées malgré des engagements écrits de la ministre. « Je comprends que les lettres sont signées, et c’est bien dans le pays de Mary Poppins, mais dans les faits, le chèque ne suit pas  ! » Mme Blais a ensuite repris à son compte l’allusion à la plus célèbre nounou du monde quand elle a dû reconnaître que seulement 500 des 2600 places promises dans les futures Maisons des aînés pourront être créées d’ici la fin du mandat. «  La députée de Fabre m’a traitée de Mary Poppins. J’aime beaucoup ça, être une Mary Poppins, parce que la Mary Poppins se promène partout à travers le Québec et la Mary Poppins va faire en sorte qu’il y ait 2600 nouvelles places. Il faut quand même prendre le temps de les construire !  » C’était tout aussi divertissant d’entendre Mme Blais dénoncer le laxisme du Parti libéral, dont elle a fait partie de 2007 à 2015. « Combien de fois avez-vous annoncé, vous, des CHSLD, année après année, qui n’ont jamais été construits. Ça vous gêne, hein ?! », a-t-elle lancé… sans gêne.

LeBel s’emballe

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE 

Sonia LeBel, ministre de la Justice et ministre responsable des Relations canadiennes

La députée péquiste Véronique Hivon a cuisiné la ministre responsable des Relations canadiennes, Sonia LeBel, au sujet du costaud plan nationaliste de la Coalition avenir Québec, présenté en 2015. Hormis le dossier de l’immigration, Mme LeBel a affirmé en substance que la plupart des revendications à l’égard d’Ottawa ne sont pas des « priorités immédiates » bien qu’elles fassent toujours partie des ambitions du gouvernement. Elle avait donc peu de choses à répondre à Mme Hivon… Sauf dans un dossier, et non des moindres : le transfert de points d’impôt d’Ottawa vers Québec, ce qui signifie que le fédéral cède une partie de son assiette fiscale. « Ça, je peux répondre de façon plus précise ! s’est-elle emballée. Il y a des discussions actuellement entre les ministres de Finances (d’Ottawa et de Québec). On vous fera part des résultats quand on en aura. On a espoir que ça aboutisse, mais je ne peux vous donner l’état précis d’avancement. » Grosse nouvelle ! a-t-on pensé. Or, le cabinet du ministre des Finances, Eric Girard, a signalé qu’il n’y a « pas de discussion sur ce sujet en ce moment » avec Ottawa. Oups.

« Petite patate », une insulte ?

PHOTO PATRICK DOYLE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau

On ne peut s’adresser à Justin Trudeau en l’appelant « petite patate » à la Chambre des communes. Le député Pierre Poilievre l’a appris cette semaine lorsqu’il a tenté de glisser l’expression dans une de ses questions. « Monsieur le Président, quand les dirigeants chinois ont donné au premier ministre le surnom de « petite patate », il a cru qu’il s’agissait d’un compliment… ». Il a été interrompu par le président de la Chambre, et a évité de parler de tubercule lorsqu’il a repris la parole. Une fois la période des questions terminée, la leader de l’opposition en Chambre, Candice Bergen, a jugé nécessaire de faire un rappel au règlement pour obtenir des clarifications. Trois fois, elle a dit « petite patate » pendant son intervention, notamment en plaidant : « Nous ne l’avons pas vraiment traité de ‘‘petite patate’’, nous ne faisions que répéter […] ». Le président l’a coupée : « Nous avons suffisamment entendu cette expression. Certains députés ignorent peut-être que je ne parle pas mandarin ou cantonais. Je ne saurais dire ce que cette expression peut signifier dans la culture chinoise, mais ici, nous parlons anglais et français », a tranché Geoff Regan.

Puigdemont provoque des étincelles

PHOTO ARIS OIKONOMOU, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’ex-président de la Catalogne, Carles Puigdemont

Deux fois cette semaine, le député bloquiste Luc Thériault a sollicité le consentement de la Chambre des communes pour faire adopter des motions sur la décision d’Ottawa de refuser l’entrée au pays à Carles Puigdemont. Et quand les libéraux ont dit non, les deux fois, ils ont provoqué l’ire du néo-démocrate Pierre Nantel. Lundi, il a hurlé « Pourritures ! ». Mercredi, il a crié que c’était « une vraie honte ». « J’étais en crisse [lundi] parce que le non était insolent, comme si la question ne méritait pas d’être débattue », a justifié l’élu à La Presse, se désolant qu’on traite l’enjeu du « nationalisme tranquille » québécois comme du « folklore ». La première motion de Luc Thériault, lundi, proposait « que la Chambre dénonce la décision du gouvernement du Canada de refuser l’entrée de Carles Puigdemont ». Sa version revue et corrigée de mercredi stipulait plutôt « que la Chambre demande au gouvernement [Trudeau] de justifier publiquement sa décision de refuser l’entrée au Québec de Carles Puigdemont ». Finalement, peut-être a-t-on bien fait de ne pas céder à la panique : La Presse a révélé hier que le leader indépendantiste s’est fait arnaquer par une firme de consultants de Barcelone qui a bâclé le traitement de son dossier.