(Ottawa) Les débats des chefs lors de la prochaine campagne électorale fédérale devraient être plus accessibles, courtois et éducatifs pour les électeurs qui tentent de faire un choix éclairé en vue des élections.

C’est la recommandation de quelque 45 individus et groupes consultés par David Johnston, l’ancien gouverneur général qui préside la toute première commission sur les débats des chefs.

Michel Cormier, l’ancien directeur de l’information à Radio-Canada qui est le directeur général de la commission, a précisé que M. Johnston avait consulté des experts, des organisations culturelles, des journalistes, ainsi que des spécialistes de l’éducation civique.

Il a également sondé des représentants des six partis politiques canadiens les plus susceptibles de remplir les critères requis pour que leurs dirigeants participent aux deux débats — un en français et un en anglais — avant les élections du 21 octobre.

La commission prépare un appel à propositions pour la production des débats. Il sera bientôt publié et le gagnant sera annoncé à la mi-juin.

Le vainqueur ne sera pas nécessairement un réseau de télévision : il pourrait s’agir, par exemple, d’un groupe de réflexion ou d’une université, a affirmé M. Cormier. Il indique que l’objectif est de s’assurer que les débats soient accessibles et inclusifs, et qu’ils atteignent le plus de gens possible, notamment par l’entremise des réseaux sociaux.

Il dit que la commission ne compte pas intervenir dans le format des débats, puisqu’il s’agit principalement d’un exercice journalistique.

Des recommandations « vraiment intéressantes »

Malgré tout, les propositions risquent d’être considérées à la lumière des recommandations reçues lors des consultations.

« Les gens espèrent que l’exercice soit plus courtois, qu’ils puissent vraiment apprendre les positions des partis et évaluer les qualités de leadership des dirigeants de manière à les aider à faire un choix éclairé le jour des élections », a expliqué M. Cormier en entrevue.

Les gens souhaitent également que les débats soient « plus accessibles à plus de personnes », pour rejoindre notamment les électeurs des communautés isolées, mais également ceux qui parlent des langues autres que le français et l’anglais ou ceux qui ont une déficience auditive.

Parmi les « conseils vraiment intéressants » reçus, M. Cormier mentionne celui des représentants des Canadiens handicapés — ceux-ci ont fait valoir que les personnes malentendantes avaient du mal à comprendre ce qui se passe lorsque les voix des dirigeants se chevauchent.

« Ce sont des choses comme ça qui semblent être un détail, mais qui font une grande différence pour les gens », a-t-il soutenu.

Le gouvernement Trudeau a créé la commission afin d’éviter une répétition de la campagne de 2015, lorsque le premier ministre Stephen Harper avait alors refusé de prendre part aux deux débats traditionnels parrainés par un consortium de télédiffuseurs. En fin de compte, il y a eu cinq débats organisés par différents médias, mais certains déploraient qu’une partie infime de la population canadienne ait pu les visionner, comparativement aux quelque 14 millions de personnes qui avaient suivi les débats en 2011.

Ère de désinformation

M. Cormier a souligné la nécessité d’organiser des débats largement accessibles, avec la propagation des fausses informations diffusées par des acteurs malveillants, canadiens ou étrangers, qui essaient de manipuler le résultat des élections, de semer la discorde et de saper la confiance des électeurs envers leurs institutions démocratiques.

« Avec une telle désinformation, mésinformation et manipulation, nous pensons que le débat est l’un des rares endroits où les gens peuvent avoir la même information, sans médiation, pour les aider à faire un choix », a-t-il expliqué.

Selon les règles établies par le gouvernement, un parti doit répondre à deux de ces trois critères pour être invité au débat : avoir au moins un député élu sous la bannière du parti ; avoir l’intention de présenter des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions du pays ; avoir obtenu au moins 4 % des votes lors de l’élection générale précédente ou avoir une chance légitime de remporter des sièges lors des prochaines élections.

David Johnston a nommé un conseil consultatif de sept personnes, dont font partie l’ancien vice-premier ministre libéral John Manley, l’ancienne députée néo-démocrate Megan Leslie et l’ancienne députée conservatrice Deborah Gray. Il s’agit d’un « conseil de sages composé de personnes sages et expérimentées », mais c’est M. Johnston qui a le dernier mot, a indiqué M. Cormier.