(Québec) Après s’être dit «allergique» aux «comités, forums, tables, commissions et tout ce qu’on connaît pour retarder des décisions», François Legault a plutôt créé un «groupe d’action ministériel» pour rapidement indemniser les citoyens touchés par les inondations et réaliser un plan d’action à temps pour le printemps 2020.  

Ce comité, qu’il a présenté mercredi entouré de huit ministres, aura également pour mandat de revoir la définition des zones inondables et de «s’assurer que les bonnes décisions soient prises, que ce soit pour la construction d’infrastructures ou le déménagement de certaines résidences».  

«[Il faut aussi] s’assurer qu’on ne vive pas ce qu’on a vécu [avec les inondations de 2017]», a précisé le premier ministre, rappelant que certains citoyens avaient à l’époque eu du mal à être indemnisés.  

«Ce n’est pas [non plus] normal que deux ans plus tard, on se retrouve avec les mêmes maisons inondées», a-t-il ajouté, précisant que le groupe d’action aura également le mandat d’appuyer les municipalités touchées par les inondations dans certaines décisions stratégiques.  

Le groupe d’action, présidé par la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, sera composé de la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, du président du Conseil du trésor, Christian Dubé, du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, de la ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, ainsi que du ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant.  

L’opposition veut être impliquée 

Pressé depuis quelques jours par l’opposition afin de lancer un débat d’urgence ou de mettre sur pied une commission scientifique sur les inondations au Québec, François Legault a plutôt répliqué qu’il ne souhaitait pas d’une consultation qui s’étirerait sur des mois et des années.  

«Ça va venir vite, le printemps 2020. Il ne faut pas prendre un an pour faire une commission parlementaire», a-t-il dit mercredi.  

Plus tôt en matinée, le Parti québécois (PQ) avait plutôt réclamé que Québec mette sur pied une nouvelle commission scientifique sur les inondations à la manière de la commission Nicolet, qui a rendu son rapport il y a plus de vingt ans après d’importantes inondations dans l’est du Québec, particulièrement au Saguenay.  

«C’est par une institution de ce genre qu’on aura toutes les informations pertinentes, à la fois scientifiques et techniques, pour comprendre ce qui s’est passé [ce printemps au Québec] et surtout pour trouver des solutions pour le futur», a dit le porte-parole péquiste en environnement, Sylvain Gaudreault.  

Lors de la période des questions, mercredi, les députés ont finalement adopté à l’unanimité une motion présentée par M. Gaudreault invitant le gouvernement à «évaluer» la mise en place d’une telle commission. Mais en point de presse, quelque heures plus tard, François Legault s’est plutôt dit ouvert à ce qu’une commission parlementaire étudie l’enjeu des inondations, parallèlement au groupe d’action, sans toutefois créer une commission scientifique dont les travaux s’étaleraient sur plusieurs mois.  

Mardi, au Salon bleu, la cheffe de Québec solidaire, Manon Massé, avait aussi demandé au premier ministre d’organiser un «débat d’urgence» à l’Assemblée nationale sur la question des inondations récurrentes.  

«La cheffe du deuxième groupe d’opposition sait que je suis un peu allergique aux comités, forums, tables, commissions et tout ce qu’on connaît pour retarder des décisions. On va mettre en place un plan d’action et [Manon Massé] aura l’occasion de donner ses commentaires sur ce plan d’action», avait alors répondu M. Legault.  

Plusieurs commissions, plusieurs recommandations 

La semaine dernière, celui qui a présidé la commission qui s’est penchée sur la gestion des barrages et les zones inondables en 1998, Roger Nicolet, a affirmé que les recommandations qu’il avait à l’époque fournies au gouvernement péquiste de Lucien Bouchard n’étaient «pas abouties».  

«Le pire a été depuis colmaté, mais je ne crois pas qu’on soit près d’une politique de gestion [des barrages et des zones inondables] qui nous met totalement à l’abri des évènements récurrents comme ceux que nous vivons depuis [quelques] années», avait affirmé M. Nicolet à La Presse.  

«Ça a donné beaucoup de résultats. Est-ce que ça a donné la totalité de la mise en place des recommandations? Non. Mais [ce genre de commission] nous donne comme parlementaires des ressources et du contenu pour interpeller le gouvernement», a dit M. Gaudreault, mercredi.