(Québec) Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, était-il en conflit d’intérêts quand il a fait nommer un partenaire d’affaires, Guy Leblanc, à la tête d’Investissement Québec ? La commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, Me Ariane Mignolet, a décidé de déclencher une enquête.

Il faut dire que Québec solidaire et le Parti québécois (PQ) avaient réclamé qu’elle se penche sur les liens entre MM. Fitzgibbon et Leblanc. Les deux hommes avaient des intérêts dans la société Move Protéine. Comme la société n’est pas inscrite en Bourse, le ministre Fitzgibbon n’avait pu s’en départir rapidement, bien qu’il en ait fait tout récemment la demande à son fiduciaire.

Le leader parlementaire du PQ, Martin Ouellet, s’interroge sur le fait que le ministre ait pu donner instruction à son fiduciaire de se départir de ces actions, qui se trouvaient dans un fonds apparemment sans droit de regard. Pour Québec solidaire, le député Vincent Marissal soulève la même question, mais relève aussi le lien d’amitié entre les deux hommes d’affaires.

M. Leblanc a longtemps été le patron de PricewaterhouseCoopers à Montréal. Les deux hommes se connaissent depuis des années, partenaires en affaires, mais aussi amis – ils font du vélo dans la même équipe au Grand défi Pierre Lavoie.

Les explications de François Legault

La semaine dernière, le premier ministre Legault avait été attaqué à l’Assemblée nationale. Avant les élections, il avait critiqué les libéraux qui avaient nommé « des petits amis » à des postes névralgiques et promis que cela ne surviendrait pas sous la CAQ.

M. Legault avait excusé son ministre, expliquant que le milieu des affaires à Montréal n’était pas si étendu, qu’on y retrouvait les mêmes acteurs.

Aussi il avait rappelé qu’il n’est pas facile de se défaire d’intérêts dans une société quand elle n’est pas inscrite en Bourse.

Pour la commissaire Ariane Mignolet, l’enquête « concernera principalement la détention d’intérêts, par le ministre, dans certaines entreprises dont les titres ne sont pas transigés à une Bourse ou qui ne font pas l’objet d’un autre marché organisé. La commissaire cherchera notamment à déterminer si les règles relatives aux conflits d’intérêts et à la déclaration des intérêts ont été respectées par le ministre ».

Pour la commissaire, les demandes des deux partis « concernent des questions connexes, soit celles relatives aux intérêts détenus dans des entreprises par le ministre » aussi elles seront traitées « dans le cadre de l’enquête à l’initiative de la commissaire ».

Ces enquêtes sont menées à huis clos ; le rapport est transmis au président de l’Assemblée nationale, qui le dépose aux députés. Il est rendu public par la suite.