(Québec) François Legault affirme que « le monde des affaires [est] petit », que son ministre l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a « beaucoup d’amis », et que les relations d’affaires et amicales qui l’unissent avec Guy LeBlanc, nommé à la tête d’Investissement Québec (IQ), ne devrait pas suffire à l’écarter de la société d’État.  

Le premier ministre du Québec a été talonné jeudi lors de la période des questions sur le processus qui a mené à la sélection de Guy LeBlanc à titre de nouveau président-directeur général d’IQ, dont la nomination a été confirmée en avant-midi lors d’un point de presse à Montréal.  

Les médias de Québecor rapportaient jeudi que M. LeBlanc était jusqu’à tout récemment partenaire d’affaires avec le ministre de l’Économie dans une entreprise de protéines végétales. Les deux hommes ont également travaillé ensemble par le passé chez PricewaterhouseCoopers.  

« Le monde des affaires, en particulier à Montréal, c’est un petit monde, a dit François Legault. Et Pierre Fitzgibbon a beaucoup d’amis dans le monde des affaires. »

« On ne commencera pas à dire que, parce que M. Fitzgibbon a déjà travaillé à PriceWaterhouse avec Guy LeBlanc, qu’on va exclure la personne qui est considérée comme la plus compétente pour occuper le poste », a poursuivi le premier ministre.  

Dans l’opposition, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) avait maintes fois dénoncé les nominations partisanes sous les gouvernements libéral et péquiste. Il a toutefois convenu ne voir aucun problème avec la nomination de M. LeBlanc, un partenaire d’Affaires et un ami personnel du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

La rémunération bondit, l’opposition aussi 

La rémunération totale de Guy LeBlanc à la tête d’Investissement Québec pourrait également augmenter de 277 000 $, afin d’atteindre près de 800 000 $ annuellement, selon les médias de Québecor. Le dernier PDG de la société d’État touchait quant à lui une rémunération totale de 523  000 $.

François Legault a dit vouloir faire d’Investissement Québec une institution de « haut calibre », comparable à la Caisse de dépôt, à la Banque nationale et à Desjardins. Pour ce faire, a-t-il dit, Québec doit offrir un salaire « compétitif », comparable à ce qui est offert à des gestionnaires de haut niveau dans le secteur privé.

Certes, le salaire de Guy LeBlanc sera plus élevé que son prédécesseur, a convenu François Legault, mais il fait valoir qu’elle dépendra de sa performance à la tête de l’organisme.

« Le but, c’est de faire exploser les investissements des entreprises au Québec. Et on veut les meilleurs. Il faut ajuster la rémunération en fonction du marché. »

Les partis d’opposition n’ont pour leur part pas dit, jeudi, ce qui serait un salaire raisonnable pour le PDG d’Investissement Québec. Ils ont toutefois unanimement bondi face à cette augmentation qualifiée d’importante.  

« On a déjà un PDG qui fait un demi-million de dollars pour gérer une société d’État. Je pense qu’on a besoin de plus d’explications pour justifier une telle augmentation », a affirmé la députée libérale Dominique Anglade.  

« C’est déraisonnable. Le président actuel touche autour de 500 000 $. C’est déjà beaucoup d’argent. […] On est en train de faire exploser la banque pour quelques individus, dont certains des amis du régime »,   pour sa part dénoncé Vincent Marissal de Québec solidaire (QS).  

« Il y a une rupture avec l’engagement solennel du gouvernement de la CAQ pour que ça ne soit plus les amis du pouvoir qui soient nommés. […] En plus, il y a une majoration du salaire », a ensuite déploré le chef péquiste par intérim, Pascal Bérubé, n’hésitant pas à qualifier la situation de « favoritisme ».