Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert ont lancé une opération séduction pour convaincre Jane Philpott, dépourvue d'affiliation politique depuis que Justin Trudeau lui a montré la porte du caucus libéral, de se présenter sous leur bannière en octobre prochain.

« Oui, nous avons rencontré la Dre Philpott et les détails de cette rencontre sont privés. [...] Nous accueillons les gens avec des valeurs communes à notre parti », a signalé hier le NPD dans une déclaration écrite transmise à La Presse.

En même temps qu'il a exclu l'élue ontarienne du caucus, Justin Trudeau l'a privée du droit de défendre les couleurs du parti au prochain scrutin. La députée dit qu'entre un retour à la médecine et la poursuite de sa carrière politique, son coeur balance.

Si elle décidait de briguer un second mandat sur la scène fédérale, d'autres partis sont prêts à lui ouvrir les bras. Mme Philpott a publiquement reconnu avoir été courtisée non seulement par la formation de Jagmeet Singh, mais aussi par celle d'Elizabeth May.

« Je lui ai offert », a confirmé hier à La Presse la leader du Parti vert.

Wilson-Raybould aussi 

Elizabeth May a également la députée Jody Wilson-Raybould dans sa ligne de mire. « Ce serait un rêve, je serais honorée de les accueillir toutes les deux. J'admire leur intégrité », a-t-elle exposé.

Au NPD, on n'a pas encore approché l'ancienne ministre de la Justice, qui a été mise à la porte du caucus libéral en même temps que son amie Jane Philpott. « À date, non », a-t-on indiqué à La Presse hier.

À l'époque où elles étaient ministres, les deux femmes ont fait l'objet de nombreuses critiques en provenance des banquettes néo-démocrates. L'élu Charlie Angus, entre autres, leur a fréquemment reproché une lenteur à agir dans le dossier autochtone.

Selon l'ancien stratège néo-démocrate Karl Bélanger, il est clair que le NPD doit tenter de leur mettre le grappin dessus, car « elles bénéficient présentement d'un capital de sympathie et d'une cote de popularité supérieure à celle de Justin Trudeau ».

La partie serait possiblement plus facile pour Jody Wilson-Raybould en Colombie-Britannique que pour Jane Philpott en Ontario.

En 2015, dans la circonscription de Vancouver-Granville, le NPD était arrivé deuxième avec 26,9 % des voix, tandis que dans celle de Markham-Stouffville, le candidat orange avait réalisé un famélique score de 6,1 %. Les verts y avaient respectivement récolté 3,1 % et 1,9 %.

Les élues désormais indépendantes n'ont pas répondu au courriel de La Presse hier.

Non aux valeurs conservatrices

Elles ont clairement indiqué qu'elles ne pourraient se joindre aux conservateurs d'Andrew Scheer, aux valeurs trop éloignées des leurs. Au Parti conservateur, on a affirmé hier qu'il n'y a « eu aucune discussion à ce sujet [sur un possible repêchage] ».

Le NPD n'accepte pas les transfuges en cours de mandat. À l'automne 2014, Maria Mourani avait quitté le Bloc québécois pour se joindre au NPD, mais elle avait dû siéger comme indépendante en attendant de se présenter dans Ahuntsic-Cartierville en 2015.

Au Parti vert, on ne s'est pas doté de cette règle contraignante. C'est ce qui a permis à la formation de doubler sa députation aux Communes, en 2013, lorsque l'ex-élu néo-démocrate Bruce Hyer était venu s'asseoir à côté d'Elizabeth May.

PHOTO CHRIS WATTIE, ARCHIVES REUTERS

Jody Wilson-Raybould, ancienne ministre de la Justice