«Inacceptable», «honteux», «dommageable», «malheureux», le gouvernement Legault et les partis de l'opposition ont dénoncé en choeur mardi le maire d'Hamptstead, William Steinberg, pour avoir associé le projet de loi sur la laïcité à du «nettoyage ethnique».

Aux yeux du premier ministre François Legault, il est clair que M. Steinberg a dépassé les bornes et qu'il «doit s'excuser».

«Je trouve ça un peu spécial, a-t-il déploré. Le maire de Hampstead a déjà été rappelé à l'ordre par des membres de la communauté juive. Quand on sait ce qui est arrivé à ce peuple-là, de comparer à ce qui se passe au Québec, ça n'a pas de bon sens.»

Il a maintenu que le projet de loi, qui interdirait le port de signes religieux à des fonctionnaires avec un pouvoir de coercition ainsi qu'aux enseignants, est «raisonnable» et «modéré».

«Je comprends qu'il y a des gens qui ont des opinions différentes, mais on peut débattre de façon respectueuse, a-t-il dit. Les Québécois sont des gens accueillants, les Québécois ont le droit de demander qu'au Québec, les personnes qui travaillent pour le gouvernement et qui sont en position d'autorité ne portent pas de signe religieux.»

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a jugé «inacceptables», «exagérés» et «dommageables» les propos du maire.

«Nous nous attendons à ce que débat sur la laïcité se fasse calmement, respectueusement, tant de la part des gens qui sont pour que des gens qui sont contre.»

Rare unanimité

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec n'a pas été seul à critiquer les propos de M. Steinberg. En fait, ses commentaires ont provoqué un rare moment d'unanimité des partis à l'Assemblée nationale en plus d'une décennie de débat sur la laïcité.

Le député du Parti libéral, David Birnbaum, a dit craindre que les commentaires du maire ne nuisent à la cause des adversaires du projet de loi 21.

«C'était des commentaires très malheureux qui ne nous aident pas dans notre but collectif de poursuivre le débat de façon responsable, passionnée et sérieuse», a-t-il dit.

Le Parti québécois et Québec solidaire ont eux aussi critiqué M. Steinberg, qui ne s'était toujours pas formellement excusé au moment d'écrire ces lignes.

«Ce sont des propos qui sont profondément honteux, a dénoncé le chef du Parti québécois, Pascal Bérubé. Il devrait offrir de vraies excuses, en anglais et en français. Et j'aimerais d'abord que sa population le ramène à l'ordre.»

«Ces propos-là sont complètement inacceptables, irresponsables, a pour sa part dit la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. Ça n'a pas de bon sens. Je pense que ce n'est pas la façon dont on souhaite pouvoir faire ces discussions civilisées.»

La sortie de M. Steinberg lui a également valu des critiques à l'hôtel de ville de Montréal.