Le gouvernement Legault doit éliminer les « échappatoires » qui permettent à des centaines de milliers de chasseurs de boycotter le registre des armes à feu en toute impunité, affirme un groupe favorable au contrôle des armes.

Québec doit présenter d'ici Pâques un projet de loi pour mettre en oeuvre des assouplissements annoncés par la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, afin d'encourager la participation au programme controversé.

Dans une lettre obtenue par La Presse, le groupe PolySeSouvient presse le gouvernement de la Coalition avenir Québec d'aller plus loin pour forcer la fin du boycottage.

« Ceci étant une question de sécurité publique, ça nécessite une application de la loi, a indiqué la porte-parole du groupe, Heidi Rathjen. Donc, on espère que ces modifications puissent favoriser l'émission d'amendes, ce qui, pour nous, est le morceau qui manque pour contrer le boycottage et assurer le respect de la loi. »

Selon les données les plus récentes du ministère de la Sécurité publique, on comptait près d'un demi-million d'enregistrements au Service d'immatriculation des armes à feu (SIAF) en date du 4 avril. Il s'agit d'une progression par rapport à la fin de janvier, lors de l'entrée en vigueur de la loi.

Mais à l'évidence, les récalcitrants sont encore largement majoritaires. On estime qu'il y a 1,6 million d'armes en circulation au Québec. Plus des deux tiers d'entre elles ne sont toujours pas enregistrées.

Agents de la faune

PolySeSouvient suggère donc que la loi soit modifiée pour permettre aux agents de la faune de saisir des armes, si elles ne sont pas consignées au SIAF. Le groupe fait valoir que les gardes forestiers sont les « plus susceptibles d'interagir avec les propriétaires d'armes ».

« C'est un élément très dissuasif : les gens ne pourront pas continuer d'utiliser leur arme jusqu'à ce qu'elle soit enregistrée, et leur événement de chasse va s'arrêter là », a fait valoir Mme Rathjen.

À l'heure actuelle, les agents de la faune n'ont pas le pouvoir de confisquer les armes non immatriculées ni d'imposer des amendes à leurs propriétaires. Tout au plus peuvent-ils signaler un chasseur récalcitrant à la Sûreté du Québec.

Le syndicat qui représente ces travailleurs s'est montré tiède à l'idée que ses membres soient chargés de vérifier les immatriculations au SIAF. Son président a dit craindre une nouvelle « source de conflit dans le bois ».

Amende proposée

PolySeSouvient propose une batterie d'autres mesures pour combler les « lacunes » de la loi. Parmi celles-ci, un article qui imposerait une amende à ceux qui encouragent le boycottage du SIAF.

La sortie survient une semaine après celle d'un regroupement de médecins en faveur de lois plus strictes sur le contrôle des armes à feu, et moins d'un mois après la tuerie de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, où 50 personnes ont trouvé la mort.

La ministre Guilbault s'est élevée contre les gestes de désobéissance civile, la semaine dernière, après des appels au boycottage de la future loi sur la laïcité. Elle a évoqué la possibilité de recourir aux policiers pour contrer les récalcitrants.

Le cabinet de la ministre s'est montré ouvert, hier, à étudier les propositions de PolySeSouvient.

« Comme tout projet de loi, il y aura une période de consultation, et la ministre écoutera à ce moment-là les revendications de tous les groupes concernés », a indiqué hier la porte-parole de la ministre, Amélie Paquet.