François Legault n'exclut pas d'utiliser le bâillon pour faire adopter le projet de loi sur la laïcité, car « étirer le dossier ne serait pas nécessairement bon pour la cohésion sociale ».

Le premier ministre a affirmé jeudi qu'une décision finale sur l'utilisation du bâillon n'est pas prise. Il estime qu'il est toutefois possible d'adopter la loi sans recourir à cette procédure, alors qu'il reste cinq semaines de travaux en commission parlementaire pour entendre les groupes invités à se prononcer.

« Je pense qu'on a le temps de faire un débat, il n'y a pas de décision de prise pour ce qui est de la date d'adoption, mais ça fait 11 ans qu'on parle de ce sujet. Je pense que tout a été dit [...]. Il est temps qu'on tourne la page, [car] étirer le dossier ne serait pas nécessairement bon pour la cohésion sociale », a dit M.  Legault jeudi.

Le chef par intérim du Parti libéral, Pierre Arcand, affirme pour sa part que « n'importe quel parlementaire d'expérience vous dira que cinq semaines pour un projet de loi aussi important [...], ça nous apparaît totalement inacceptable ».

« Votre mentor, René Lévesque, a toujours refusé de bâillonner l'Assemblée nationale lorsqu'il a été question des droits fondamentaux des Québécois. La triste réalité, c'est que contrairement à lui, vous méprisez ceux qui ne pensent pas comme vous. Vous dites même aux futurs enseignants : si vous n'êtes pas contents, allez voir ailleurs. Est-ce que vous êtes vraiment digne de la fonction de premier ministre ? », a affirmé M. Arcand lors de la période des questions.

« Je ne descendrai pas aussi bas que le chef de l'opposition officielle », a ensuite répliqué François Legault.  

Diviser sur la base de la langue ?

Le chef libéral par intérim Pierre Arcand croit aussi que François Legault tente de diviser les Québécois entre francophones et anglophones sur le projet de la laïcité.

« J'ai senti hier que le premier ministre voulait en faire [...] une affaire entre anglophones et francophones. Mais quand je lis Lysiane Gagnon, quand je lis Francine Pelletier, quand j'entends [la mairesse de Montréal Valérie] Plante ou des syndicats d'enseignants, je [constate] que ce n'est pas une affaire de francophones contre anglophones », a dit M.  Arcand jeudi.

Mercredi, en réponse à des questions de la presse parlementaire, le premier ministre Legault a comparé des manifestations qui ont été organisées à Montréal - notamment devant une école secondaire de Westmount - aux manifestations qui s'organisaient à l'époque de l'adoption de la loi 101.

« Le premier ministre tente de diviser [les Québécois] lorsqu'ils comparent les valeurs canadiennes aux valeurs du Québec. Je dois lui rappeler que nous avons une Charte des droits qui a aussi été adoptée ici, à l'Assemblée nationale », a-t-il dit.

Le projet de loi sur la laïcité prévoit interdire le port de signes religieux pour les employés de l'État en position d'autorité, incluant les enseignants.

-Avec Tommy Chouinard, La Presse